Pour la CFTC, il est urgent que l’Etat, en tant que garant de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, revalorise substantiellement le SMIC, afin de garantir une vie décente aux salariés
Si le SMIC est un salaire plancher, il s’est transformé en rémunération plafond pour beaucoup de salariés, du fait des aides qui lui sont associés (ainsi qu’aux salaires avoisinants). Cela a pu inciter certaines entreprises à maintenir des grilles de salaires peu attractives. La CFTC alerte notamment sur la nécessité de revoir les grilles de classifications de salaires pour les métiers dits de « première et seconde ligne » qui sont généralement sous rémunérés, malgré une forte utilité sociale.
Revaloriser le SMIC, en anticipant l’inflation
Le SMIC ne peut pas continuellement courir après l’inflation, sans aggraver la fracture sociale de notre pays et fragiliser sa cohésion. La CFTC propose ainsi que les dispositions du code du travail visant à revaloriser automatiquement le SMIC intègrent une variable d’anticipation des chocs inflationnistes. Des indicateurs produits par les administrations ou l’INSEE permettent cette anticipation. Ils sont d’ailleurs mobilisés chaque année pour les besoins de la construction budgétaire.
Favoriser les augmentations de salaires à la distribution de primes
La CFTC appelle à systématiquement préférer les augmentations de salaires aux distributions de primes exceptionnelles. Ces primes sont en effet moins avantageuses pour le salarié et pour la collectivité qu’une hausse des salaires : elles sont non seulement conjoncturelles, mais sont aussi exonérées de cotisations, créant ainsi des manques dans notre système de protection sociale. Notre organisation propose ainsi qu’une entreprise ayant octroyé des primes deux années consécutives (en lieu et place d’une revalorisation des salaires) soit tenue de prendre des mesures de hausse de la grille salariale l’année suivante, sauf en cas de difficultés économiques avérées.
La CFTC propose également que chaque accord d’épargne salariale s’accompagne d’une politique volontariste d’accroissement des salaires, sur toute la grille salariale. Lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), la CFTC estime enfin que les discussions concernant les salaires devraient être séparées de celles sur les primes de partage de la valeur, afin d’éviter tout mélange des genres entre ces deux modalités de rémunération.
Limiter les écarts de salaires au sein des entreprises
La CFTC est favorable à l’instauration d’un écart de rémunération maximal, au sein de chaque
entreprise. Ce différentiel de rémunération pourrait varier en fonction de plusieurs critères (taille de l’entreprise, secteur d’activité, taux d’augmentation des dividendes et de la rémunération des dirigeants, etc.). La définition de ces critères devrait faire l’objet d’une négociation entre partenaires sociaux.
Faciliter les progressions de carrière
Pour la CFTC, un salarié ne devrait pas pouvoir être rémunéré au SMIC (ou à un niveau proche), tout le long de sa carrière. Notre organisation défend ainsi un accès facilité – pour les travailleurs à bas salaire – à la formation professionnelle. Il devrait leur permettre d’évoluer vers des métiers plus qualifiants et donc de percevoir un salaire plus conséquent.
Pour lutter contre les trappes à bas salaires, la CFTC estime aussi qu’un écart minimum devrait être instauré entre chaque coefficient des grilles salariales, au sein des entreprises comme des branches professionnelles auxquelles elles sont rattachées. Par ailleurs, dans l’optique de lutter contre la smicardisation des salaires, au moins 2/3 des coefficients de ces grilles salariales ne devraient pas avoisiner le SMIC, mais le dépasser significativement.
La CFTC estime qu’il est indispensable d’augmenter le nombre de représentants des salariés, dans les conseils d’administration.
Une densification de la représentation des travailleurs participerait à la mise en œuvre d’une politique salariale plus juste. Il s’agit ici d’établir un contre-pouvoir raisonnable conseillant au mieux les dirigeants opérationnels, via un collectif de travail cohérent, solide et solidaire.