La CFTC soutient qu’à effort contributif équivalent, les mêmes droits à la retraite doivent être ouverts pour tous. Si cette équivalence est vraie en théorie, la pratique révèle des situations parfois injustes. Plusieurs leviers peuvent permettre d’y remédier :
-Une meilleure prise en compte de la difficulté de certains métiers: la pénibilité attachée à certains postes use les corps, ce qui a un impact direct sur l’état de santé au moment de la retraite, voire sur l’espérance de vie. La qualité de jouissance de sa retraite en est forcément impactée. La CFTC soutient la réintroduction des facteurs de risques ergonomiques (postures pénibles, vibrations mécaniques, port de charges lourdes et agents chimiques dangereux), afin que les salariés des métiers concernés puissent partir plus tôt en retraite.
-Réduire l’écart de pensions entre les femmes et les hommes: pour la CFTC, il faut absolument, à compétences et postes équivalents, garantir une égalité salariale entre les deux sexes. Il faudrait également renforcer certains dispositifs de solidarité (notamment via une meilleure prise en compte des périodes de maternité et de congé parental)
-Revoir le dispositif de retraite anticipée « carrière longue ». Ce dispositif permet aux personnes qui ont commencé à travailler avant 20 ans (et qui ont un certain nombre de trimestres validés) de partir à la retraite avant l’âge légal. Pour la CFTC, il serait nécessaire de simplifier drastiquement le dispositif actuel, qui fait dépendre son bénéfice de nombreuses conditions. Il s’agirait de le rendre plus lisible et de permettre aux assurés sociaux de plus aisément le mobiliser.
-Etre encore plus ambitieux concernant les départs anticipés pour des raisons de santé (invalidité, inaptitude, handicap), au regard des défis attachés à ces situations.
Une pension décente pour tous
Les carrières des assurés varient considérablement : elles peuvent être linéaires ou interrompues, marquées par des périodes d’inactivité ou de travail à temps partiel. Les rémunérations aussi diffèrent d’un(e) assuré(e) à un(e) autre.
Ces situations ont un impact direct sur le montant des pensions perçues et nécessitent des mécanismes d’ajustement : la CFTC défend l’idée qu’une carrière complète, même avec de faibles revenus, doit garantir une pension décente, sensiblement supérieure au minimum vieillesse (ASPA). À cette fin, le minimum contributif doit être revalorisé autant que nécessaire.
Pour un système plus lisible
Le système de retraite actuel comprend 42 régimes de retraite, aux fonctionnements différents. Dans un contexte où les carrières sont de moins en moins linéaires, il nuit à la lisibilité d’ensemble et complique la vérification des droits acquis au moment de la liquidation de la pension. De plus, certaines bonifications propres à des régimes particuliers entraînent des inégalités qui ne sont plus toujours justifiables.
Ainsi, la CFTC préconise :
-Une harmonisation et une rationalisation progressive des régimes de retraite pour tendre vers un système universel par points, garantissant les mêmes droits pour un même effort contributif
-De privilégier la reforme systémique, aux réformes paramétriques de court terme. Les effets sur le long terme de ces efforts paramétriques pourraient en effet générer plus de couts sur le long terme (si les assurés sociaux cotisent plus longtemps, ils acquièrent des droits supplémentaires à l’assurance-vieillesse et touchent des pensions plus importantes) que les économies recherchées.
-La simplification des démarches de liquidation des pensions
Pour un système financé et pérenne
En 2023, le montant des dépenses de retraites en 2023 en France était de 380 Mds €. Ce montant augmentera progressivement sur les prochaines décennies. Sécuriser les ressources de notre système est donc primordial pour le préserver.
La CFTC propose, plutôt qu’une action sur les dépenses (gel des pensions, durcissement des conditions de départ en retraite), d’agir sur les ressources du système, notamment en renforçant le lien entre le droit et la cotisation. Notre organisation suggère ainsi de relever légèrement la cotisation retraite et de neutraliser certains mécanismes d’exonération de cotisations, dont l’efficacité n’est pas établie. La CFTC défend également la mise en œuvre d’une politique salariale ambitieuse : l’augmentation des salaires permettrait d’élargir l’assiette de cotisations, et donc les recettes du régime sur le long terme.
Pour un système plus souple
La CFTC estime que l’aménagement des fins de carrière est essentiel pour faciliter la transition entre la vie active et la retraite. A cet égard, la retraite progressive présente une solution idéale. Notre organisation recommande d’en simplifier les conditions d’accès, pour faciliter sa mise en œuvre. Elle estime aussi qu’il faudrait encourager les employeurs à promouvoir ce dispositif auprès de leurs salariés, et à l’intégrer dans leur gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.