Constats et enjeux
La réussite d’une politique familiale tient à la confiance qu’elle parvient à créer chez les familles. Cellules de base de la société, elles sont le premier lieu où chacun cherche et trouve sa place au milieu des autres en développant à la fois son autonomie et sa socialisation. Au point que, aujourd’hui, ce qui fait une famille ce n’est plus sa composition mais le fait qu’elle constitue le noyau à partir duquel nous socialisons le monde. La famille est la microsociété où s’apprennent le mieux la solidarité, la fraternité, la responsabilité, la gratuité, l’égalité… C’est pourquoi, depuis toujours, la CFTC voit dans la famille une problématique syndicale fondamentale.
La société et l’État sont moralement et matériellement sollicités pour soutenir les familles dans leur diversité. La pauvreté, la maladie, la vieillesse, le chômage sont des risques socialement pris en charge, mais la famille n’est pas un risque, c’est une chance. La vitalité démographique, la solidarité nationale et intergénérationnelle sont essentielles pour l’équilibre de la société et pour préserver notre modèle social. Ce modèle, que beaucoup de pays nous enviaient, est né d’un projet clair de soutien à la natalité. Tous les dispositifs mis en place visaient à soutenir les parents dans leur désir d’enfant : politique fiscale avec le quotient familial, prestations familiales, congés parentaux et familiaux, prise en charge de la petite enfance… Tout était fait pour que les parents (surtout les mères !) puissent concilier leur vie professionnelle et familiale.
Mais la politique familiale s’est vu progressivement assigner de nouvelles missions : lutte contre la pauvreté, recentrage des aides aux familles et réduction des déficits publics. Elle s’est aussi vu infliger des mesures d’économies drastiques (modulation des allocations familiales, plafond du quotient familial abaissé plusieurs fois, partage imposé du congé parental, qui a privé les mères d’un an d’allocation, prime de naissance versée décalée au troisième mois du bébé) !
Sur chacune de ces mesures, la CFTC s’est opposée fortement mais en vain et n’a pas cessé d’alerter les pouvoirs publics : notre politique familiale est à bout de souffle et les effets se font ressentir durement dans toute la société.
La CFTC reste persuadée qu’il ne faut pas voir la politique familiale comme un coût, mais au contraire comme un investissement social. C’est parce que cet objectif a été perdu de vue que la France a vu son taux de natalité chuter et le pessimisme s’installer dans les familles mais aussi dans la société tout entière.
La politique familiale ne doit plus se confondre avec la lutte contre les inégalités sociales, pas plus qu’elle ne doit être une variable d’ajustement. Elle doit, au contraire, permettre aux parents de réaliser leur désir d’enfant, leur offrir un ensemble de prestations et de solutions d’accueil adaptées à leurs besoins. Elle doit également acter que la conciliation vie professionnelle/vie personnelle ne doit plus être une affaire de femmes et que les hommes sont prêts à s’impliquer davantage dans le partage des responsabilités familiales.