Constats et enjeux
De par son intensité, sa longueur et son caractère inédit, la crise sanitaire a mis en avant les forces mais aussi les faiblesses de notre système de santé. Elle a d’abord montré comment la politique budgétaire, qui vise à contraindre financièrement les hôpitaux sans que la médecine de ville ne soit capable d’assurer une première ligne de prise en charge, conduit à une impasse. Elle a aussi révélé que la faiblesse des politiques de prévention a creusé les inégalités de santé – les plus vulnérables ayant été particulièrement touchés par l’épidémie de Covid-19. Elle a mis en lumière l’importance de nos soignants qui, sur le terrain, ont défini les objectifs, et l’administration a fait en sorte de leur donner les moyens nécessaires, inversant ainsi la logique habituellement à l’œuvre.
Vieillissement de la population, multiplication des maladies chroniques, baisse du nombre de généralistes, etc., notre système de santé connaît des évolutions lourdes, qui s’inscrivent dans un cadre structurellement inchangé. Les réformes n’ont jamais été à la hauteur de ces évolutions. Des tentatives de réponses ont été apportées mais elles sont restées embryonnaires et mal définies apportant frustration, et perte de sens pour les professionnels de santé.
Du côté des usagers, l’insuffisance de l’offre de soins en médecine de ville génère un sentiment de régression de notre modèle sanitaire. L’idée selon laquelle nous ne serons plus aussi bien soignés qu’avant s’installe dans la population française. Ce sentiment rejoint la réalité quand dans certains territoires, on assiste à un véritable effondrement de l’offre des soins. Les différentes tentatives de réforme n’ont jamais su trancher dans une direction et se sont contentées de colmater les brèches. Aujourd’hui, usagers comme professionnels de santé payent cette incurie des moyens et des décisions qui n’ont pas été prises face à ces évolutions.
Enfin, la crise sanitaire a constitué un accélérateur important dans l’appropriation du numérique en matière de soins. Ce dernier peut résoudre certaines des difficultés identifiées précédemment. Néanmoins, il faut se donner les moyens pour que cette mutation numérique ne génère ni fracture ni inégalité supplémentaire dans l’accès aux soins.