Constats et enjeux
Chaque citoyen aspire à vivre dignement dans une société plus démocratique, à pouvoir s’exprimer afin que les décisions ne viennent pas uniquement « d’en haut ». Le développement des outils de communication « en temps réel » facilite grandement ce type d’expression, apportant beaucoup de spontanéité à une démocratie devenue souvent lourde de processus complexes. Ces mêmes outils introduisent aussi le risque d’une démocratie d’émotion de l’instant, au détriment d’une démocratie de la raison et du temps long.
Les évènements de ces dernières années ne sont que l’illustration de ces aspirations et des risques qu’elles engendrent. La crise des gilets jaunes trouve son origine profonde dans le creusement des inégalités, dans la perception que les réalités du quotidien ne sont pas suffisamment prises en compte par les décideurs politiques qui, en conséquence, échouent à mettre en place les solutions à même de pouvoir s’insérer dans la société et vivre dignement de son travail.
Pour le monde du travail, ces évènements soulignent l’importance d’une régulation sociale respectueuse de la démocratie sociale. Quand la réforme vient « d’en haut », quand les acteurs sociaux (syndicats et patronat) sont limités dans leur capacité à produire eux-mêmes les normes de la régulation sociale par un interventionnisme étatique excessif, alors la société se trouve gravement déséquilibrée dans son fonctionnement. Les mouvements sociaux émergent dans le rejet parfois violent de l’État et des corps intermédiaires eux-mêmes.
Il importe cependant de bien saisir le caractère durable du phénomène, ancré dans le besoin naturel et sain d’une participation de chacun et de tous aux décisions de la vie publique comme de la vie en entreprise.
Dans ce contexte, Il est fondamental de redéfinir la place et le rôle de chacun pour construire un cadre permettant l‘expression citoyenne à tous les niveaux (de l’exercice de la démocratie sociale dans les entreprises jusqu’au processus d’élaboration de la décision publique au niveau national en passant par le rôle régulateur des branches professionnelles).