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Égalité femmes-hommes : un bilan en 2020

Egalité Professionnelle

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« Si on est au Smic, il ne faut peut-être pas divorcer ». Voilà ce que l’on a pu entendre, le 4 novembre, à une heure de grande audience, sur LCI. Tous les enjeux de l’émancipation économique des femmes sont résumés dans cette sentence inacceptable : il ne resterait qu’à accepter son sort et se résigner, pour qui ne peut prétendre à l’autonomie.

A l’approche de la journée internationale des droits des femmes, la CFTC s’insurge contre cette vision des choses, et doit hélas poser une nouvelle fois le même constat. Malgré des avancées législatives notables et un meilleur accès à l’emploi, les femmes restent moins bien payées que leurs collègues masculins, plus rarement nommées à des postes de direction, quasi absentes de certains secteurs d’activité…

Pour lever les freins à l’égalité !

Les nombreux freins à l’égalité femmes-hommes doivent être levés et pour ce faire tous les leviers nécessaires doivent être actionnés : égalité salariale et ses répercussions sur le montant des pensions (40% inférieures à celles des hommes), déconstruction des stéréotypes, sécurisation des parcours professionnels, revalorisation des métiers à prédominance féminine, parité aux postes de direction…

L’ensemble des aménagements et des services offrant une meilleure conciliation des temps de vie devront également être encouragés.

Autant de propositions portées par la CFTC, dans le cadre de la consultation publique sur le projet de loi pour l’émancipation économique des femmes, lancée en décembre dernier par le Gouvernement. Porté par la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, le texte sera présenté en conseil des ministres au printemps 2020. Si le renforcement du rôle économique des femmes est essentiel pour faire progresser leurs droits, la CFTC attend surtout de cette loi les garanties d’une réelle autonomie financière pour toutes les femmes.

Pour une évolution des modes de travail !

L’organisation du travail doit être repensée. Les schémas archaïques, le manque de souplesse, la culture du présentéisme sont autant de freins à l’égalité femmes-hommes dans l’entreprise. Un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle pour tous est indispensable, 71 % des salariés français estimant “manquer de temps” (OPE, 2017). Ce sentiment s’accroît à l’arrivée d’un enfant et les jeunes mères sont en première ligne lorsque des déséquilibres surviennent. Aidées par l’État, les entreprises doivent mobiliser des outils concrets : aménagement des horaires, temps partiel, télétravail, aide à la garde, CESU (chèque emploi service universel)…

Côté loi, les congés accordés aux jeunes parents doivent être améliorés, pour permettre une parentalité partagée dès la naissance de l’enfant. Trop court et mal indemnisé, le congé paternité n’incite pas les pères à s’arrêter de travailler. Idem pour le congé parental d’éducation qui reste très majoritairement pris par les mères, à 96 % (OCDE, 2016). L’entreprise a là aussi un rôle à jouer, en accompagnant les salariés à leur retour de congé. Les parcours professionnels – notamment ceux des femmes après un congé maternité – doivent être sécurisés, via le dialogue et la formation au moment de la reprise d’activité.

Charge mentale des mères de famille : de quoi parle-t-on ?

La “charge mentale”, aussi appelée “travail invisible”, renvoie à l’obligation de penser à tout, tout le temps. Si les hommes comme les femmes, célibataires ou en couple, peuvent être concernés, la charge mentale semble davantage peser sur les femmes qui deviennent mères et doivent gérer l’organisation d’un foyer, en plus de leur travail. Il n’est ici pas seulement question d’une mauvaise répartition des tâches entre l’homme et la femme, mais bien d’un déséquilibre dans le partage des responsabilités : sans cesse sollicitée, la mère doit anticiper, prendre toutes les initiatives et toutes les décisions, faire preuve d’une vigilance constante, sans possibilité de déléguer. En naît un épuisement à la fois intellectuel et émotionnel, qui peut lourdement impacter sa vie personnelle, sa vie professionnelle et sa santé.

Pour la mixité et la revalorisation des métiers à prédominance féminine !

Autre objectif à atteindre : la mixité des métiers, tant dans les différents secteurs que dans les postes de direction. Malgré de récentes avancées, les femmes restent sous-représentées dans les instances dirigeantes des grandes entreprises et peinent, de manière générale, à faire évoluer leur carrière vers de hautes responsabilités. La parité n’est pas non plus respectée dans de nombreux secteurs d’activité toujours très masculins, or l’absence des femmes dans les métiers d’avenir comme ceux du numérique (exercés à seulement 15 % par des femmes) constitue un frein majeur à leur émancipation (MENESR – SIES, 2017). Une mission, en ce sens, a été confiée par le gouvernement à Chiara Corazza. La directrice générale du Women’s Forum a remis début février ses 27 pistes concrètes pour renforcer la présence des femmes au sein des STEM (de l’acronyme anglais sciences, technologies, ingénierie et mathématiques).

La mixité des emplois passe aussi par la revalorisation des métiers à prédominance féminine. Une réévaluation des classifications dans le cadre des négociations au sein des branches et des entreprises permettra de juger de la valeur réelle d’un emploi, sans stéréotypes sexistes ni critères discriminants. Un grand nombre de compétences attribuées aux femmes et jugées “innées” (écoute, empathie, discrétion…) ne sont toujours pas reconnues comme des compétences professionnelles à part entière et n’entrent donc pas dans le calcul des rémunérations. De nombreux emplois majoritairement assurés par des femmes sont sous-valorisés, ce qui, par effet de ricochet, n’encourage pas non plus à une plus grande mixité : les hommes ne postulent pas à ces postes et les femmes peinent encore à faire reconnaître l’étendue de leurs compétences, restant cantonnées aux mêmes métiers.

Les inégalités entre hommes et femmes sont un combat de longue date pour la CFTC. Il commence à porter ses fruits. Mais la route est encore longue pour changer les représentations profondément ancrées en nous.

De ce point de vue, c’est à chacun de nous de porter cette transformation, en apprenant à reconnaître et invalider les clichés néfastes au quotidien. Au travail, mais aussi auprès des jeunes générations. Parce que le rose et le bleu portent en germe des inégalités économiques criantes !

Crédit photo : Aloush / Flickr
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