Weleda France : la CFTC n’a rien lâché !
10 janvier 2023 | Social
Weleda France supprime 43 % de ses effectifs début 2023, en majorité à Huningue (68) et, à cette fin, met en place un PSE, dont le caractère économique reste douteux. La CFTC réagit et obtient la signature, le 7 novembre, d’un accord bien plus avantageux.
Première victoire : les indemnités de licenciement supralégales sont doublées, passant de 15 000 € à 30 000 € par personne (35 000 € pour les plus anciens). Elles s’ajoutent aux indemnités prévues dans la convention collective.
En outre, Laurence Saturni, DS CFTC, a négocié avec son équipe un congé senior accessible à partir de 30 mois avant l’âge de départ à la retraite, soit 59,5 ans. Les salariés en bénéficiant percevront 75 % de leur salaire la première année, puis 80 %.
À cela s’ajoute une enveloppe formation de 700 000 €, qui permettra de proposer aux salariés plusieurs dispositifs. Cependant, ceux affectés à l’usine ne pourront pas en profiter avant le 31 mars 2023, car la production se poursuivra jusqu’à cette date. « Nous avons donc négocié pour eux une indemnité de 50 € par jour travaillé entre le 1er décembre et le 31 mars », précise Laurence Saturni. Ensuite, seule subsistera l’activité de commercialisation.
Weleda : une confiance brisée
Tous ces acquis, la délégation syndicale CFTC n’aurait pu les obtenir sans la mobilisation du personnel. « Au début, les membres de la direction se moquaient de nous et nous parlaient comme à des adolescents capricieux, raconte Laurence Saturni. Ils nous disaient : « mais allez-y, faites votre liste au père Noël ! » » Les salariés ont réagi en formant une « haie d’honneur », chacun portant un masque blanc, à l’arrivée de l’avocate de l’employeur. Puis, ils ont pris l’habitude de se masser devant la salle vitrée où se déroulaient les discussions. « À partir de là, la direction nous a pris au sérieux. » Au cours de la négociation, la CFTC a appelé à trois journées de grève, puis a obtenu que celles-ci soient payées.
L’accord est signé, mais l’angoisse demeure. « À la mi-octobre, on dénombrait une centaine d’arrêts maladie… Les premières lettres de licenciement arriveront le 1er février 2023. La confiance est brisée entre la direction et les salariés. » De plus, les futures conditions de travail en effectif réduit suscitent une vive inquiétude, légitimée par les mises en garde de l’expert du CSE. « Nous ne voyons pas comment, avec le peu de moyens humains qu’il va rester, nous allons pouvoir satisfaire le client en termes de qualité et de suivi. » Laurence Saturni ose, malgré tout, formuler un vœu : que l’entreprise soit contrainte de réembaucher des salariés licenciés.
Laurent Barberon
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