Santé au travail dans la fonction publique, un devoir, une urgence 1/2
9 mai 2022 | Social
Le gouvernement vient de lancer un plan santé au travail dans la fonction publique. Fruit de longues années de concertation, il est aussi le fruit d’un rapport : « Santé, sécurité, qualité de vie au travail dans la fonction publique : un devoir, une urgence, une chance ». Rencontre avec Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC et co-rapporteur du rapport, pour en discuter.
Quels évènements ont conduit à la rédaction du rapport santé au travail dans la fonction publique et quel rôle avez-vous joué dans ce dossier ?
En 2019, l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, composait un petit groupe de travail pour la production d’un rapport sur la santé au travail au sein de la fonction publique, notamment suite à la parution d’un rapport identique pour le privé. Ayant travaillé dans le public pendant 29 ans et ayant une affinité avec les sujets liés aux conditions de travail, j’ai donc été sélectionnée pour être co-rapporteur avec Madame Charlotte Lecocq, députée du Nord, et Monsieur Jean-François Verdier, inspecteur général des finances.
À l’époque, ce plan santé au travail dans la fonction publique était très attendu, car tout ce qui concerne l’organisation de la santé au travail dans le public était, et est toujours, une catastrophe.
Mais ce dossier a commencé en 2014 avec l’élaboration, par les partenaires sociaux, du troisième Plan de Santé au travail (PST3). Comment expliquez-vous que c’est seulement en mars 2022 que le plan santé au travail dans la fonction publique a été lancé ?
Pour être exact, en 2014, la CFTC avait demandé que le droit pour chaque salarié d’être protégé des risques pour sa santé et sa vie au travail soit rendu effectif. Nous avons, d’une certaine façon, été entendus par le gouvernement en 2019, avec la mise en place du groupe de travail auquel j’ai appartenu. Et en 2020, Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics, nous avait fait la promesse du lancement effectif du plan. Chose rare avec ce type de dossier.
Malheureusement la crise du Covid-19 a frappé et des sujets beaucoup plus pressants et urgents concernant la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses devaient être traités.
Revenons à 2019, comment s’est passée l’élaboration du rapport ?
Nous avons mené des auditions, 44 au total, de tous les secteurs d’activité de la fonction publique, et nous nous sommes déplacés au plus près du terrain : gendarmeries, casernes de pompier, hôpitaux, mairies, etc., afin de rencontrer les fonctionnaires, discuter avec eux et comprendre leurs problématiques. En plus des auditions, nous avons également réceptionné 16 contributions écrites, ce qui n’est pas rien.
Et que furent vos constats lors de vos rencontres ?
Nous étions souvent confrontés à la détresse des fonctionnaires, notamment dans la police, l’armée ou encore la gendarmerie. Souvent le problème dans ces corps de métiers (policier, militaire ou gendarme) est le stigmate attaché à la fonction. Pour la société, ces fonctionnaires doivent renvoyer une image de force où la communication et/ou la thérapie n’ont pas leur place.
Ils sont donc beaucoup à cacher leur mal-être, voire même détresse émotionnelle. Et une fois en fonction, « ça pète » et la tension monte entre ces métiers et la population. Notons que nous étions à l’aube des grands affrontements avec les Gilets jaunes dans la capitale. Les fonctionnaires que nous avons rencontrés nous ont raconté leur stress face au terrain et leur désarroi face à une absence de médecine du travail, notamment de prévention.
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