Suivez-nous

Prévention sanitaire : Comment anticiper pour mieux soigner ?

24 juillet 2023 | Social

  • Partage

Présentée le 4 juillet par des parlementaires et élaborée avec le concours d’une coalition d’acteurs pluriels, la feuille de route prévention en santé décline une batterie de mesures visant à instaurer une politique systémique de prévention sanitaire. Un document à la rédaction duquel la CFTC a pu pleinement contribuer.

L’adage est bien connu : mieux vaut prévenir que guérir. Pourtant, la protection de la santé publique en France reste largement centrée sur la médicalisation, plutôt que sur la prévention. Cette dernière représente en France moins de 5% du total des moyens financiers déployés dans le domaine de la santé*. Une carence stratégique majeure : le vieillissement de la population comme les crises sanitaires confrontent le système de santé aux limites de sa capacité d’accueil et de financement, alors même que certains patients sont atteints de pathologies évitables. Leur détection en amont pourrait pourtant permettre de ralentir, voire de contrecarrer leur développement chez les individus concernés.

Ces manques sont répertoriés par la feuille de route sur la prévention en santé co-présentée le 4 juillet par le député MODEM Cyrille Isaac-Sibille, un texte élaboré avec le concours d’une coalition d’acteurs pluriels, dont la CFTC. Cette dernière a pu y défendre ses propres préconisations sur le sujet, un nombre conséquent d’entre elles ayant été intégrées aux recommandations du document. Des mesures qu’on peut articuler autour de 4 grands axes, qui contribuent à répondre à un enjeu fondamental : la construction d’une politique systémique de la prévention sanitaire en France.

*Chiffre issu du PLFSS 2023 repris dans « Regards choisis et croisés sur la prévention dans le domaine de la santé », IHEPS

Repenser nationalement et localement les politiques de prévention

Pilotées individuellement par diverses structures sans coordination d’ensemble, les politiques de prévention manquent actuellement d’un référentiel commun, qui permettrait d’optimiser et de faciliter la lisibilité de l’action publique. Une loi interministérielle de programmation de santé publique définissant pour 5 ans une Stratégie Nationale de Santé devrait ainsi être déposée à l’assemblée nationale. Elle définirait la nature, la coordination à l’échelle nationale comme les budgets précisément alloués à la mise en œuvre des politiques et actions de prévention.

A l’échelon local, ce plan quinquennal de santé devrait par ailleurs permettre de déployer des initiatives territorialisées, modulées par les besoins de proximité des populations concernées. Parmi ces structures de terrain, la CFTC s’est jointe à la feuille de route pour souligner le rôle prépondérant que pourraient jouer les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS). Ces organisations regroupent les professionnels d’un même territoire, qui souhaitent se coordonner autour d’un projet de santé pour répondre à des problématiques communes. Elles sont ainsi capables de cerner les problématiques sanitaires spécifiques à chaque territoire, conditionnées par des enjeux et caractéristiques pluriels (âge médian de la population, niveau de pollution de l’air, de sensibilisation et d’information à l’accès aux soins etc…)

Déployer une politique globale d’information et de formation à la prévention

L’information constitue un facteurs clé du succès des politiques de prévention en santé. L’éducation et la sensibilisation du grand public à la prévention devrait ainsi débuter dès le plus jeune âge. Elle serait dispensée aussi bien dans les écoles publiques que dans le milieu périscolaire (cours de cuisine collectifs enseignant à manger sainement, activités sportives relayant les bienfaits physiologiques de l’exercice physique…).

La formation à la prévention sanitaire devrait par ailleurs être continue, pour concerner toutes les tranches d’âges et catégories professionnelles. Elle pourra être dispensée et valorisée par une mosaïque d’organismes et d’actions de sensibilisation : partenariat avec le tissu associatif, organisations syndicales et professionnelles, mutuelles, campagnes dans les médias etc…

La CFTC note en revanche l’absence de mention de la promotion de certaines actions de prévention plus ciblées dans la feuille de route, comme celles qui pourraient concerner le dépistage néonatal. Remboursé à 100% par l’assurance maladie, cet examen consiste en la réalisation d’un prélèvement d’une goutte de sang pour détecter certaines maladies chez les nourrissons. Pour la CFTC, il est nécessaire de sensibiliser les jeunes parents et le grand public à l’importance du dépistage néonatal, afin de les informer de l’existence du dispositif, comme de sa gratuité.

Développer la prévention en santé au travail

La feuille de route rejoint la CFTC dans le constat dressé des actions de prévention en santé au travail : ces dernières sont encore relativement marginales au sein des structures publiques et privées. Elles sont pourtant indispensables à l’amélioration des conditions de travail. Ces actions de prévention devraient en outre être adaptées au secteur d’activité de chaque entreprise, qui présentent des risques différenciés.

A l’allégement des risques physiologiques, il faudrait adjoindre un suivi et des mesures de réduction des risques psychosociaux (stress, maltraitances internes, épuisement professionnel), par exemple via la mise en place de formations obligatoires dispensées aux managers et chefs d’entreprise.

Renforcer les actions de prévention ciblant spécifiquement les retraités

L’espérance de vie sans incapacité s’élève à 67 ans chez les femmes et à 65,6 ans chez les hommes. Pour prolonger au maximum l’espérance de vie en bonne santé, les politiques de prévention s’adressant spécifiquement aux retraités devraient être nécessairement renforcées et augmentées de nouveaux dispositifs. La CFTC, à l’instar de la feuille de route santé, s’accorde pour recommander d’inclure dans l’examen des 65 ans un bilan podologique et auditif, ainsi qu’une auscultation du cœur pour détecter les maladies cardiaques. Elle conseille aussi de systématiser la mise en place d’un bilan de prévention régulier pour les retraités fragiles.

Les néo-retraités pourraient par ailleurs bénéficier de l’organisation d’ateliers les informant des différents outils de prévention mis à leur disposition. Ces initiatives pourraient notamment être listées et géo-localisés sur la plateforme web « Bien vieillir » . Cette dernière permet aux retraités de s’informer sur les actes de la vie courante qui renforcent leur capacité à vieillir en bonne santé. L’approfondissement de ses contenus devrait participer à augmenter sa visibilité, alors que le numérique doit être davantage mobilisé dans le cadre de la prévention en santé.

Enfin, si ces mesures tracent les contours généraux d’un système de prévention ambitieux, elles nécessitent désormais d’être discutées et modélisées dans la loi. À cet effet, cette feuille de route devrait faire l’objet du dépôt d’une proposition de loi à l’Assemblée nationale à la rentrée.

Téléchargez l’ensemble des propositions de la CFTC pour construire cette feuille de route

Actualités, ressources, ne manquez rien abonnez-vous à notre newsletter

Actualités, ressources, ne manquez rien…

Abonnez-vous à la newsletter !