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« Aider, conseiller les salariés, les informer, les défendre », Anna

2 juin 2022 | Visages du syndicalisme

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Anna Avetisyan, 32 ans, est cheffe de bord de véhicules blindés à Nantes. Rattachée à la fédération CFTC des Transports, cette employée de la Brink’s est élue au CSE central.

« Aider les autres, conseiller les salariés, les informer, les défendre », Anna

Vous êtes convoyeuse de fonds à la Brink’s. En quoi cela consiste-t-il ?

Mon rôle est de transporter et de livrer des sommes d’argent liquide ainsi que des objets de valeur dans des agences bancaires et des commerces.

Depuis quand exercez-vous dans le domaine de la sécurisation des espèces ?

J’ai commencé en 2010, tout à fait par hasard. J’étais alors à Auxerre (Yonne), où j’avais emménagé après avoir quitté ma ville natale d’Erevan en Arménie. Cette année-là, j’étais à la recherche d’un job d’été quand une agence d’intérim m’a appelée. Des opératrices de comptage de la Brink’s étaient en congé. On m’a confié un remplacement.

Comment êtes-vous passée de la mission estivale à l’embauche ?

Le chef d’agence a voulu me garder. Il m’a proposé de me former aux trois métiers possibles : celui d’opératrice de comptage, pour compter les billets de banque en agence ; celui d’agent de maintenance des automates bancaires, pour réparer et réapprovisionner les distributeurs ; et celui de convoyeur de fonds. Avec mes trois certificats de qualification professionnelle en poche, j’ai été recrutée à la maintenance des automates, mais j’étais polyvalente.

Pourquoi vous êtes-vous finalement spécialisée dans le transport de fonds ?

Lorsque l’on s’occupe des automates, on le fait seul. Et moi, j’aime travailler en équipe. Une fois mutée à Nantes, en 2016, j’ai donc décidé de rester dans les véhicules blindés. Nous sommes trois avec le conducteur. J’ai été promue cheffe de bord (ou « messager » dans le jargon). C’était la place qui m’intéressait, mais elle est très physique. Tous les colis sont sous ma responsabilité, c’est moi qui les porte. Le « convoyeur garde » s’occupe de ma sécurité : il m’accompagne lors des parcours et inspecte les lieux avant que j’entre.

Vous sentez-vous à l’aise dans ce milieu masculin ?

Lorsque je suis arrivée à Nantes, il y avait 40 hommes et j’étais la seule femme − je le suis encore. Pour autant, j’ai été très bien accueillie et immédiatement acceptée. On s’imagine à tort des convoyeurs un peu bruts. Cela vient d’une méconnaissance du service, qui persiste aussi en interne. Quand des opératrices de comptage ont l’opportunité de passer de l’autre côté, par exemple, elles n’osent pas. C’est dommage. Je crois que la présence féminine adoucit le climat général même s’il faut avoir son petit caractère.

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Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?

Le poids des charges : l’argent pèse parfois très lourd ! Mais le plus pénible, ce sont les horaires qui ne sont jamais fixes. On commence toujours très tôt le matin sans savoir à quelle heure on finira. Les journées peuvent donc être très longues (jusqu’à douze heures) et cela engendre beaucoup de fatigue, pour une rémunération à mon sens insuffisante. Enfin, il y a le risque : en partant le matin, nous ne savons pas ce qui peut nous arriver ni si nous rentrerons chez nous. Mais je préfère ne pas y penser.

Quels sont les aspects du métier qui vous plaisent le plus ?

Le contact avec le client et la sensation d’être utile. Comme je l’ai dit à propos du rythme, les journées de travail sont rarement les mêmes, alors on ne s’ennuie jamais. Et puis, j’aime mes équipes. L’ambiance est toujours très bonne.

Les a priori sont-ils liés aux questions de défense ?

Sans doute. Mais comme toutes les policières du pays, nous sommes formées – et très bien formées – à faire face en cas de nécessité. Nous connaissons les gestes, nous participons régulièrement à des séances de tirs, etc. Les femmes n’ont aucun souci de ce côté.

Vous êtes représentante du personnel depuis 2019. Pour quelles raisons ?

J’ai toujours aimé aider les autres, conseiller les salariés, les informer, les défendre. À un moment donné, j’ai ressenti le besoin d’un engagement utile et citoyen. J’ai trouvé cela dans le syndicalisme en entreprise. Il faut dire que j’étais syndiquée depuis mon entrée dans la vie active. Ce que je cherchais, à l’époque, c’était connaître mes droits et être accompagnée en cas de situation compliquée.

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Pourquoi avoir choisi la CFTC ?

Lorsque j’ai été élue, en 2019, c’était en tant que suppléante et avec une autre organisation syndicale. Quand le titulaire est parti à la retraite, j’ai pris sa place, et c’est à ce moment-là que j’ai découvert l’équipe de la CFTC.

Dynamique, motivée, à l’écoute. J’ai trouvé LA perle. Un syndicat qui correspond à mes idées, mes aspirations et dont je partage les valeurs. J’ai donc rejoint la CFTC voilà un peu plus d’un an. Je suis élue titulaire et trésorière adjointe du CSE, et élue titulaire au CSE central.

Quelles revendications portez-vous ?

Nos demandes concernent essentiellement la revalorisation salariale et l’amélioration des conditions de travail. Dysfonctionnements dans les véhicules blindés, non-respect des accords au niveau des plannings, etc. : mes collègues savent qu’ils peuvent compter sur moi pour faire remonter les problèmes du quotidien à la direction.

Et que s’il faut crier pour obtenir du résultat, je le ferai. Mes chefs ont l’habitude, j’étais déjà « cash » avant d’être élue.

Ce premier mandat vous donne-t-il satisfaction ?

Entre les réunions de comités, la billetterie, la mise en place du site internet du CSE et la gestion des cotisations quand le trésorier est absent, je suis assez occupée, mais j’aime ce que je fais et j’ai très envie de poursuivre. Il me reste beaucoup à apprendre et je compte enchaîner les formations pour y arriver.

Propos recueillis par Lucile Métout

Crédit photo : DR

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