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Covid-19. « Je milite à la CFTC pour que les soignants soient enfin considérés », Benoît, agent hospitalier et militant CFTC

13 mai 2020 | Social

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Benoît, Breton, est agent hospitalier à Rennes, dans un établissement où la moyenne d’âge de la patientèle est de 87 ans. Investi dans son rôle de DSC, il se bat pour que les soignants soient, enfin, considérés.

Comment se déroulent vos journées depuis le début de la crise du Covid-19 ?

Je suis agent hospitalier dans un établissement Ugecam (géré par la Sécurité sociale), au PGR (Pôle gériatrique rennais), dans le « sanitaire » (rééducation, médecine et « convalescence »), qui jouxte l’Ehpad. C’est un gros centre, de 500 lits. Je travaille un week-end sur deux en blouse blanche, et le reste, je suis en télétravail, pour mon mandat de DSC, pour écouter les remontées terrain et être là pour les « filles ». On a beau être dans une région assez peu touchée, en Bretagne, nous comptons quand même 15 cas de Covid dans mon établissement, tous issus de l’Ehpad. La direction a décidé, pour contenir la contamination, de consacrer un étage à la maladie. Si, dans l’ensemble, nous travaillons dans de bonnes conditions, avec du matériel en quantité suffisante, je remarque que les 15 infections se sont produites après le début du confinement. C’est donc un soignant, porteur sain, qui l’a importée.

Il a depuis été détecté et isolé ?

Non ! Parce que le maître-mot depuis le début du Covid, c’est : on ne teste pas, puisqu’on… n’a pas de test. C’est bien beau de publier des décrets. Mais encore faudrait-il pouvoir les mettre en application sur le terrain. C’est exactement pareil pour les ouvertures de l’Ehpad aux familles. OK, le Gouvernement a décidé d’autoriser les visites, encadrées. Mais nous ne les avons pas encore mises en place, parce que concrètement, comment garantir la sécurité de nos patients ? Nous sommes prudents, chat échaudé craint l’eau froide : pour « rassembler » les familles, nous avons organisé des visioconférences. Ça s’est retourné contre nous, on nous reprochait qu’untel était mal coiffé, qu’untel n’était pas assis…

Quelles sont les autres difficultés rencontrées ?

L’essentiel des remontées du terrain provient du manque de formation et d’informations pour les soignants : il y a eu beaucoup trop de temps entre le moment où le Covid s’est généralisé et les directives pour savoir comment le gérer. Pourtant, je peux vous assurer que les personnes qui travaillent en zone Covid sont méritantes : elles sont toutes volontaires ; elles mettent de la musique pour égayer le quotidien de nos patients déprimés ; elles se plient à des procédures et des conditions de travail pas faciles. Et pourtant, elles n’ont, comme nous tous, pas assez de reconnaissance. Cette crise ne fait que mettre en exergue les problèmes déjà existants. Je milite et travaille à la CFTC pour que les soignants soient enfin considérés. J’ai de nombreuses collègues qui se demandent si elles vont continuer. J’ai très peur de la suite. Peur que la France doive faire face à une sévère crise des vocations. Les classes sont déjà vides. Comment voulez-vous que des jeunes aient envie de s’engager dans un boulot où on risque sa vie pour 1300 euros par mois ?

Propos recueillis par Maud Vaillant

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