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« J’ai beaucoup écouté », Isabelle, salariée chez Flunch

27 mai 2020 | Visages du syndicalisme

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Isabelle, strasbourgeoise, travaille chez Flunch. Impliquée à la CFTC depuis 2003 et aujourd’hui RSS, elle se livre sur son confinement et ses craintes quant à l’avenir économique de son entreprise.

Comment s’est déroulé le confinement ?

Ça a été compliqué à vivre, surtout les dix premiers jours. C’était extrêmement angoissant et brutal. J’en ai pleuré. J’ai mis un peu de temps à trouver mon rythme, mes habitudes. J’en ai profité pour faire des grands ménages, d’endroits que je n’avais pas visités depuis un moment (rires). Et ma fille, qui vit désormais chez son ami, m’a beaucoup manqué.

Vous vous êtes retrouvée seule du jour au lendemain ?

Pratiquement. Je travaillais le samedi 14 mars au soir, lorsque l’annonce du gouvernement de fermer les restaurants et les bars a été faite. On savait qu’on n’allait pas rouvrir. Les jours suivants, nous sommes venus nettoyer un peu, et puis plus rien. Mardi midi, le confinement a commencé.

Avez-vous été tenus au courant de ce qui allait se passer ?

Autant que possible. La direction a communiqué. Nous avions des réunions tous les dix jours avec le siège et un groupe Facebook de notre établissement nous permettait de nous tenir informés des modalités de ce confinement. On était évidemment tous inquiets du traitement qui allait être le nôtre pendant cette période : nous avons été mis au chômage partiel dès le 17 mars et avons su rapidement que le groupe compléterait notre salaire pour les mois de mars et avril. L’ensemble des salariés a été rassuré, ce qui n’a pas empêché des moments compliqués pour certains. J’ai eu, en tant que RSS et membre du CSE, des collègues pendant plus d’une heure au téléphone, ce qui n’arrivait jamais. Certaines personnes confinées à deux dans un studio, ou avec un compagnon difficile à vivre ont souffert de la situation. J’ai beaucoup écouté. 

Avez-vous hâte de reprendre le travail ?

Oui ! J’ai un peu commencé en tant que représentante syndicale ; en effet, quelques restaurants ont rouvert pour la vente à domicile ou à emporter. Notamment à Strasbourg où je travaille. Je vérifie que tout se passe bien pour mes collègues. Nous avons d’ailleurs proposé cette reprise à mi-temps sur la base du volontariat, et avons privilégié les personnes qui étaient en détresse psychologique. Je pense à une en particulier. Depuis qu’elle retravaille, elle est heureuse, elle se rend au restaurant avec le sourire. Ces décisions ont été prises en tenant compte de l’humain.

Personne n’a peur de revenir travailler ?

La direction a mis en place les précautions recommandées. À titre personnel, et je crois pour pas mal de monde, nous n’appréhendons pas la reprise. En revanche, nous craignons les transports en commun. J’ai déjà essayé la marche pour éviter de les prendre, mais une heure, c’est long, alors j’ai ressorti mon vélo pour le faire réparer !
Ce que beaucoup d’entre nous craignent aussi, c’est l’avenir économique de la boîte. Le siège a bien senti le danger et se place sur le créneau de la vente à emporter et des livraisons à domicile. Les gens vont-ils revenir dans les restaurants quand ils seront rouverts, ou auront-ils pris d’autres habitudes ? La « vie » dans nos établissements sera-t-elle possible avec la distanciation sociale et les gestes barrière à respecter ? J’ai beaucoup d’inquiétudes. Je ne pense pas que les gens reviendront comme avant. 

 

Propos recueillis par Stéphanie Baranger

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