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La CFTC interpelle les candidats : formation, emploi, chômage

9 mars 2017 | Social

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Une article interpellation presidentielle

Formation et insertion professionnelle des jeunes

Le diagnostic de la CFTC : la fin de la scolarité obligatoire sanctionnée ou non par un diplôme et l’entrée dans la vie active constituent une période charnière dans la vie de chaque jeune. En fonction des parcours de chacun, l’insertion sur le marché du travail peut s’avérer plus ou moins longue et chaotique. Entre 110 000 à 140 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans aucune qualification ; 27% des contrats d’apprentissage sont rompus en cours de formation ; près d’un candidat sur trois ne va pas au bout de sa démarche de VAE…
Avec un taux de chômage des 16-25 ans de 25,7% (18,4% dans l’UE), il est primordial d’intervenir en faveur de ce public afin de ne laisser personne sur le bord du chemin.

 

Question

Quels peuvent-être les leviers pour garantir une orientation scolaire pertinente puis un accompagnement de qualité pour tous les jeunes ? Comment lever les nombreux obstacles à leur insertion professionnelle ? 

Réponse de Nicolas Dupont-Aignan

L’orientation scolaire est un processus qui intervient bien après l’acquisition des savoirs fondamentaux. Afin de garantir une orientation pertinente et un accompagnement de qualité, il nous faut d’abord doter l’ensemble des élèves d’un bon niveau de connaissance des savoirs fondamentaux, dont la maîtrise de la langue. A la fin d’un CP, tous les enfants devront savoir lire, écrire et maîtriser les formes simples des quatre opérations de base.

A ces conditions, les orientations scolaires du lycée et collège prendront tout leur sens car les filières générales et professionnelles, incluant des passerelles, seront proposées à des adolescents préparés. Cette mesure redonnera tout son rôle au collège unique.

A l’identique, les élèves des classes de terminale bénéficieront d’une vraie politique d’orientation pour lutter contre l’échec massif des étudiants lors de la première année à l’université.

De plus, nous nous engageons à créer le Service National pour l’Emploi (SNE) pour les décrocheurs (jeunes entre 18 et 25 ans) d’une durée d’un an, en collaboration avec l’Education Nationale.
Je propose la mise en œuvre d’une sécurité professionnelle par le biais de crédit d’études pour les enfants qui ont quitté tôt le circuit scolaire et qui souhaitent reprendre des études.

Enfin, en ce qui concerne les obstacles liés à l’insertion professionnelle, notre projet pour lutter contre le chômage prévoit d’accroître l’accès à l’apprentissage pour atteindre 1 million d’apprentis à la fin du quinquennat.

Réponse de François Fillon

L’insertion sur le marché du travail est un problème majeur pour notre jeunesse. Face à cela, je veux développer l’alternance et l’apprentissage pour en faire un tremplin vers l’emploi.
Il est primordial d’améliorer l’information des jeunes et des parents en intégrant, dans le « Portail de l’Alternance », les opportunités professionnelles à l’échelle de chaque bassin d’emploi, ainsi que les taux d’emploi pour chaque filière et établissement à la sortie, à 3 ans et à 5 ans, les places disponibles en CFA, les recherches d’alternants des entreprises. Ce portail sera mis à la disposition de tous les acteurs de l’emploi.
Je veux développer le dispositif de pré-apprentissage, notamment dans les écoles de la deuxième chance, grâce aux régions qui développeront ces dispositifs, en s’appuyant également sur le service public de l’emploi (Pôle emploi, missions locales).
Je mettrai en place dès le collège des « modules d’éducation » pour préparer les jeunes dans leurs choix d’orientation (éducatifs ou professionnels). J’introduirai dans les programmes davantage de contenu qui soit en lien avec la vie professionnelle future des élèves, en formant les jeunes dès le collège, avec l’obligation de faire au moins 6 semaines de stages durant cette période (2 semaine en 4ème et 4 en 3ème).
Je généraliserai progressivement l’apprentissage dans l’enseignement professionnel, en développant rapidement des sections d’apprentissage dans les lycées professionnels, en organisant des jumelages entre CFA et lycées professionnels, en décloisonnant les parcours des jeunes et en permettant des réorientations. Enfin, je confierai la gestion des centres de formation des apprentis (CFA) et des lycées professionnels aux régions, en association avec les branches. Les chefs d’établissement devront disposer d’une autonomie d’action et de moyens dans le cadre d’objectifs fixés annuellement.

Réponse de Benoît Hamon

La pertinence d’une orientation scolaire va de pair avec le combat contre les inégalités scolaires, lequel doit s’effectuer dès le plus jeune âge. C’est pourquoi je rendrai l’instruction obligatoire à partir de l’âge de 3 ans et garantirai un droit à la scolarisation dès l’âge de 2ans dans les écoles en éducation prioritaire et en outre-mer. Aussi, parce que beaucoup se joue dans les premières années d’apprentissage, j’établirai un seuil maximum de 25 élèves par classe en CP/CE1/CE2, et à 20 ce nombre dans les écoles en éducation prioritaire, dans les territoires ruraux et en outre-mer. Pour donner à tous les élèves les moyens de réussir à l’école, j’inclurai dans le temps scolaire des élèves le travail et les devoirs (service public d’aide du soutien scolaire).

Un service public d’orientation scolaire sera également mis en place. Il valorisera de la même manière toutes les formes de réussite, les filières générales comme les filières professionnelles ou techniques, et garantira l’accès aux voies d’excellence pour toutes et tous.
J’amplifierai la politique de lutte contre le décrochage scolaire par la promotion des dispositifs de raccrochage, tels que la création de Lycée Nouvelle Chance (LNC) destiné à tout jeune décrocheur, âgé entre 16 et 20 ans. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, nous recruterons 40 000 enseignants en 5 ans et toutes ces mesures seront mises en œuvre avec l’ensemble de la communauté éducative.
Par ailleurs, pour permettre la réussite de tous les étudiants et parce qu’il est difficile de mener de front ses études avec une activité salariée intensive, je ferai bénéficier les étudiants du Revenu Universel d’Existence (RUE) dont le versement sera automatique dès 2018.

Le revenu universel est la 1ère garantie pour les jeunes, la clef de leur liberté et de la conquête de leur autonomie. Nous voulons leur élargir le champ des possibles. C’est cette mesure qui permettra de sécuriser le temps de la formation qualifiante, diplômante et la période de recherche du premier emploi. Au-delà du RUE nous nous engageons à les accompagner vers une insertion sociale et professionnelle durable par la pérennisation d’un service public de l’emploi dédié et de l’orientation et en sécurisant l’accès aux droits, à la mobilité et à la culture.
Pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi (NEET, peu qualifié ou qui connaissent un chômage de longue durée), qui sont ceux qui rencontrent le plus de difficultés à trouver un premier emploi ou une formation menant à un emploi, je ferai de la Garantie Jeunes un droit. Ce dispositif de sécurisation des parcours permettra à chacun de ces jeunes d’être accompagnés durablement dans l’emploi et dans la formation.
J’automatiserai également la Garantie Jeunes à tous les jeunes suivis par l’Aide Sociale à l’Enfance afin qu’ils ne se retrouvent pas démunis, une fois sortis des dispositifs si nous n’avons pas réussi à les insérer socialement et professionnellement. En effet, beaucoup de jeunes de l’ASE se retrouvent à la rue et sans aide une fois arrivés à leur majorité. En leur faisant bénéficier de la Garantie Jeunes, ils seront un mieux armés pour trouver la stabilité dont ils ont besoin.
En outre, pour tous les autres jeunes qui cherchent un emploi et pour qui le parcours d’insertion, à la sortie du diplôme, reste un véritable parcours du combattant, je propose de sécuriser leur parcours à l’aide des stages et leur financement.
Je souhaite aider les jeunes en levant tous les freins périphériques qui ralentissent leur insertion : logement, mobilité, santé. En les aidant à trouver un logement au plus près de leur emploi, en leur permettant de passer le permis de conduire ou en leur proposant une couverture santé plus simple à obtenir, je ferai en sorte que tous les jeunes soient sur un pieds d’égalité au moment de leur entrée dans la vie active.
Je veux en finir avec le logement rare et cher, notamment à destination des jeunes. L’accès à un logement indépendant et adapté à loyer modéré est une étape dans la construction d’un parcours d’autonomie, une condition de la mobilité pour les étudiants issus des territoires les plus éloignés des établissements d’enseignement supérieur, et un facteur de réussite dans les études. Jusqu’en 2022, nous construirons 60 000 logements sociaux pour les jeunes et les étudiants. Nous mobiliserons les réserves foncières disponibles dans les collectivités, et utiliserons le levier des dotations versées aux collectivités pour assurer le respect des objectifs de construction.

Je remettrai l’enseignement supérieur au cœur de l’ascension sociale. L’enseignement supérieur et la recherche, seront élevés au rang de priorité nationale, et constitueront une priorité budgétaire lors du prochain quinquennat. Une loi de programmation sera votée dès 2017 pour prévoir une augmentation du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche à hauteur de 1 milliard d’euros par an pendant cinq ans. Je réformerai les premiers cycles pour éviter l’orientation par défaut et démocratiser la réussite.
Chaque étudiant doit pouvoir effectuer un séjour à l’étranger de six mois au cours de ses trois premières années d’études, sous la forme d’un semestre de formation ou d’un stage. La mobilité internationale ne doit plus être un privilège réservé à quelques uns, mais un droit au bénéfice de tous les étudiants c’est ce que permet le Revenu Universel d’Existence qui pourra être touché pendant au moins un an à l’étranger au cours de sa formation. La France lancera un programme de mobilité internationale pour l’ensemble de ses étudiants, complémentaire à ceux existants, reposant sur la création d’un droit à un semestre de mobilité dans l’ensemble des formations de Licence qui permettra à 150 000 étudiants des universités de partir à l’étranger chaque semestre, soit 300 000 par an (contre 120 000 chaque année aujourd’hui).

Réponse d'Emmanuel Macron

L’orientation et l’accompagnement sont essentiels à la construction d’un système éducatif juste et efficace.

Nous proposerons à tous à accompagnement après la classe, et remettrons des études dirigées dans les établissements. Nous formerons aussi sur la durée du quinquennat 1 million de jeunes aujourd’hui sans qualification ni activité. Enfin, nous ferons un effort massif pour l’apprentissage, notamment par le développement de périodes de préapprentissage, afin d’offrir une meilleure insertion sur le marché du travail à tous les jeunes. Par ailleurs, afin d’accroître l’attractivité de l’alternance auprès des jeunes et de leurs familles nous rendrons publics les taux d’insertion professionnelle et le salaire à l’issue des formations en apprentissage en vue d’une labellisation des CFA et des lycées professionnels.

Evolution sociale et sécurisation des parcours professionnels

Le diagnostic de la CFTC : face à un taux de chômage élevé et une augmentation de la précarité, les salariés peuvent se sentir démunis. Dans ce contexte, la formation professionnelle continue se positionne comme une thématique aux multiples vertus : outils de sécurisation des parcours professionnels, vecteur de développement pour les salariés et les entreprises, passeport pour l’emploi existant ou à venir, rempart contre le chômage, …

Question

Comment selon vous intégrer l’ensemble de la population active dans cette dynamique d’évolution sociale et de sécurisation des parcours ? Quels doivent-être les effets attendus de la formation professionnelle continue ?

Réponse de Nicolas Dupont-Aignan

Nous devons accompagner et intégrer l’ensemble de la population active dans cette dynamique ; jeunes, actifs et inactifs.
Mes propositions sont donc multiples : créer un organisme régional ad hoc incluant les régions et les partenaires sociaux très au fait du monde du travail dédié à l’orientation des élèves, cibler les formations avec un budget plus important pour les jeunes et chômeurs de longue durée etc.

La formation professionnelle continue doit répondre à des enjeux de maintien aux postes de travail, d’accompagnement des salariés aux évolutions de leur environnement et de développement des hommes et des femmes de notre pays.

Réponse de François Fillon

Les réformes que je propose permettront grâce au redressement de notre compétitivité de revenir vers le plein emploi. Mais il est également nécessaire de revoir nos dispositifs existants de politique de l’emploi. La formation professionnelle, en particulier, ne remplit pas parfaitement son rôle d’orientation vers les secteurs porteurs.
Je veux sécuriser les parcours professionnels en permettant à chaque Français de bénéficier d’un « capital formation » qui remplacera les dispositifs existants (CPF, CIF…) et permettra de rationaliser et de débureaucratiser les fonds de la formation professionnelle, en donnant à chaque salarié et à chaque demandeur d’emploi l’opportunité de se construire une carrière et de se prémunir contre l’inactivité.
Pour faciliter le retour à l’emploi, je souhaite que les demandeurs d’emploi, qui retrouveraient un emploi en dehors de leur bassin de vie, soient favorisés sur les listes de demande d’accès aux logements sociaux.

Réponse de Benoît Hamon

Je veux permettre à chacun de se former toute sa vie. Les parcours ne sont plus aujourd’hui linéaires. Les reconversions et les parcours professionnels fractionnées sont devenus très courants, il faut accompagner ces mutations, dans le public comme dans le privé. Pour progresser tout au long de la vie, chaque actif aura droit à un a de congé-formation pour acquérir un diplôme ou une qualification.

Ma politique, en matière de formation professionnelle, s’articulera autour de deux grandes priorités. La première, c’est que je souhaite offrir à tous les Français la possibilité de progresser d’au moins un niveau de diplôme au cours de leur vie professionnelle. C’est un principe qui est déjà inscrit dans la loi et je souhaite qu’il devienne une réalité pour nos concitoyens.

Cela passera, bien sûr, par un accès renforcé à la formation professionnelle, en particulier pour les moins qualifiés. Aujourd’hui, un Bac + 2 a trois fois plus de chances de suivre une formation au cours de sa vie d’adulte qu’une personne non diplômée ; il nous faut renverser cette tendance pour rendre à la formation professionnelle sa vocation initiale, celle d’offrir une « seconde chance » aux naufragés du système scolaire. Le compte personnel de formation sera l’outil pivot de cette transformation :

  • Je souhaite que le CPF des actifs les moins diplômés puisse être abondé, beaucoup plus généreusement qu’aujourd’hui, dès la sortie du système scolaire. Ceux-ci doivent pouvoir bénéficier d’un capital suffisant pour suivre une formation qualifiante d’un an.
  • Pour les jeunes décrocheurs et les non qualifiés, le départ en formation sera de droit, y compris sur le temps de travail. L’employeur pourra simplement demander au salarié de différer sa date de départ en formation, dans une limite de 9 mois.
  • Il sera prévu dans la loi la reconnaissance, par l’entreprise, des qualifications acquises grâce au CPF. Cette reconnaissance pourra notamment prendre la forme d’une évolution salariale. C’est une condition incontournable pour que les salariés aient intérêt à se former, et les entreprises à s’impliquer dans leur projet de formation.   

Parce que la reprise d’une formation professionnelle ne doit pas forcément signifier retourner dans une salle de classe, je serai attentif à développer d’autres modalités de formation, diversifiées et plus accessibles à ceux qui ne gardent du système scolaire que de mauvais souvenirs : la formation en situation de travail, la formation numérique à distance, doivent notamment être encouragées. Je rendrai obligatoire le découpage des certifications professionnelles en blocs de compétences, associés à des certifications partielles, afin de permettre à tous les actifs de suivre une formation au rythme qui leur convient et en ciblant uniquement les compétences qui leur manquent. Certains blocs de compétences devront pouvoir être reconnus par validation des acquis de l’expérience, un outil unique en Europe et que je souhaite rénover pour le rendre plus accessible en limitant les lourdeurs administratives. Je suis également favorable à l’idée d’ouvrir la VAE aux compétences acquises en dehors de l’emploi – par exemple à l’occasion d’activités associatives, syndicales, sportives ou familiales.

Ma seconde priorité, sera d’encourager l’investissement des entreprises dans le capital humain que constituent leurs salariés. Pour cela, il me semble souhaitable de clarifier ce qui relève de la responsabilité de l’entreprise – le maintien des compétences de ses salariés – et ce qui relève des projets individuels et de la solidarité collective – les projets d’évolution professionnelle. Le CPF ne doit pas être l’instrument d’un transfert de certains coûts de formation vers le salarié. En particulier, je souhaite qu’il ne puisse plus être utilisé pour financer des formations obligatoires – telles que des habilitations sécurité – comme c’est aujourd’hui le cas dans de nombreuses branches. Mais je souhaite aller plus loin et faire des compétences des salariés un nouvel enjeu central pour les négociations d’entreprises. Le développement des compétences est devenu aujourd’hui un enjeu aussi important que le partage de la valeur ajoutée et l’évolution des salaires. Il doit être traité avec le même sérieux et la même implication par les partenaires sociaux dans chaque entreprise.

C’est pourquoi :

  • Je veux renforcer le rôle des représentants du personnel dans la définition, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques de formation professionnelle selon des modalités à discuter par les partenaires sociaux.
  • Je souhaite plus particulièrement introduire une négociation des plans de formation dans les entreprises. Les entreprises sont aujourd’hui tenues de communiquer un certain nombre d’informations au comité d’entreprise mais pas d’en négocier le contenu, alors même que ce sujet est intrinsèquement lié à la gestion de l’emploi (désormais largement régulée par des accords collectifs). Si l’on veut faire du plan de formation un outil au service de l’emploi, il est impératif de négocier conjointement les questions de formation et d’emploi. Si on veut impliquer les salariés dans leur formation, il est essentiel de les associer à la définition de la stratégie et des orientations en matière de développement des compétences.

Réponse d'Emmanuel Macron

Tout d’abord, pour fluidifier et sécuriser les parcours, nous mettrons en place une assurance chômage pour tous, y compris les indépendants et, sous certaines conditions, les salariés démissionnaires.  

Ensuite, le système de formation continue sera réformé. Nous souhaitons mettre en place un système simple, juste et transparent, qui répond à trois principes :

  • La majeure partie des contributions actuelles des entreprises pour la formation sera progressivement convertie en droits individuels pour les actifs. Chacun pourra ainsi s’adresser directement aux prestataires de formation, selon ses besoins.
  • Les droits seront d’autant plus élevés que les besoins de qualification sont importants.
  • Les résultats concrets de chaque formation, de chaque accompagnement seront rendus publics.
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