Salarié.e.s proches aidants : comment faciliter leur quotidien ?
Dépendance & AutonomiePolitique Familiale
« La performance d’une entreprise repose à la fois sur des relations collectives constructives et sur une réelle attention portée aux salariés en tant que personne ».
Cet extrait du préambule de l’accord national interprofessionnel (ANI) du 19 juin 2013 sur la qualité de vie au travail, dont la CFTC est signataire, illustre combien il est primordial que chaque entreprise s’interroge, notamment dans le cadre d’un dialogue avec les salariés et leurs représentants, sur les actions à déployer en faveur des salariés fragilisés par leur statut de proche aidant.
Après avoir longtemps souffert « d’invisibilisation » au sein de nos sociétés, la question des aidants s’est imposée dans le débat public ces dernières années. Leur souffrance est ainsi sortie de l’intimité des foyers, où elle était restée longtemps cantonnée.
C’est d’abord l’ampleur du nombre de personnes concernées dans cette situation qui a amené une prise de conscience collective :
8,3 millions
d’aidants informels, dont 4,3 millions aidant régulièrement un proche de 60 ans ou plus.
Le saviez-vous ?
La majorité des aidants [deux-tiers] sont des femmes âgées de 50-64 ans. Ces salariées arrêtent de travailler plus tôt ou passent en temps partiel. Elles ne toucheront donc pas une retraite convenable et, ce, malgré le peu d’indemnités qu’elles perçoivent.
Ce pourquoi la CFTC considère que ce temps passé à aider doit pouvoir être reconnu comme du temps familial travaillé. Elle revendique donc que des trimestres gratuits leur soient octroyés dans le calcul de leur retraite.
Des salarié.e.s pas comme les autres
Cette génération dite « pivot » est le pilier de la relation intergénérationnelle. Ces femmes et ces hommes aident leurs enfants, devenus jeunes adultes, à s’insérer dans la vie active et s’occupent parfois de leurs petits-enfants, tout en étant les aidants de leurs parents âgés. Ils et elles constituent donc un pilier de la solidarité familiale que nous ne pouvons laisser se fragiliser.
La CFTC, qui s’est toujours engagée pour les questions familiales et, pour qui, la conciliation des temps de vie est un sujet historique, a très tôt travaillé sur ce sujet. Dès 1999, le projet CFTC de Statut du travailleur contenait une section « soutenir les aidants », en sécurisant les parcours de vie. Récemment, en 2020, et sur la proposition de la CFTC, l’ANI télétravail prévoit un régime spécifique pour les aidants, en leur accordant un principe de faveur.
Mais si les ANI constituent des supports juridiques forts pour impulser un progrès collectif dans le soutien à l’aidance, l’absence de loi sur le grand âge et la perte d’autonomie continuent d’être préjudiciables à l’amélioration substantielle de la conciliation des temps de vie des aidants salariés.
Faciliter le quotidien des proches aidants : quelques bonnes pratiques en entreprise
- Inscrire la conclusion d’accords collectifs relatifs à l’aidance dans un accord cadre plus global, portant, par exemple, sur la qualité de vie au travail, sur la santé, l’égalité professionnelle, etc. Les problématiques attachées à l’aidance gagneraient à ne pas être traitées isolément.
- Organiser un suivi régulier de l’application de l’accord collectif.
- Multiplier le type de solutions ouvertes au salarié assumant le rôle d’aidant et offrir à ce dernier la possibilité d’opter pour le dispositif adapté à sa situation personnelle.
- Définir, par référence à l’article L3142-16 du Code du travail, la liste des salarié(e)s pouvant être considéré(e)s comme proche aidant, pour éviter toute difficulté liée à l’éligibilité du/de la salarié(e) à l’aide dont il/elle souhaiterait bénéficier.
- Déterminer, en variant les rôles dans la mesure du possible, des personnes référentes : il peut s’agir d’une personne spécifique de la direction des ressources humaines, d’un professionnel de santé, d’un psychologue externe, etc. L’idée, là encore, est d’offrir des solutions mobilisables selon les situations personnelles.
Quelques pratiques à éviter
- Un formalisme et une procédure rigides
- Les demandes d’informations pouvant être intrusives
- Résumer l’aide aux aidants à des dispositifs pécuniaires*
*Si l’aspect financier est crucial dans bien des situations, l’aide utile aux aidants ne peut se limiter aux dons de jours de RTT, ou à des congés indemnisés. La CFTC soutient évidemment ces mesures, mais elle estime qu’elles seront d’autant plus valorisées et efficaces, si elles s’accompagnent de dispositifs annexes (soutien psychologique, point de conseil et d’orientation, constructions de dispositifs permettant le répit, adaptation des horaires…)