Mieux vaut prévenir et guérir !, l’édito de Cyril Chabanier
18 mai 2020 | Social
L'édito de Cyril Chabanier, président confédéral
A des degrés divers, en rouge ou en vert, nous goûtons à nouveau depuis une semaine aux joies simples de l’existence. Quel plaisir de retrouver nos parents, nos amis, nos collègues, le chemin de l’école pour certains de nos enfants. Même la promenade sans attestation a comme un goût d’aventure ! Ces libertés fondamentales qui nous reviennent progressivement n’altèrent en rien le risque sanitaire toujours bien présent. Il nous faut maintenant, collectivement, apprendre à vivre avec ce risque. Maintenir les distances, sans excès de méfiance, banaliser le port du masque et autres « gestes barrières » constituent la meilleure des protections.
C’est aussi une question de culture. En Asie, ces gestes sont « naturels » avec ou sans contagion. Par comparaison, cette crise dévoile le manque cruel de « culture de prévention » de la société française. Appliquée à la médecine, la prévention concerne l’ensemble des moyens médicaux et médico-sociaux mis en œuvre pour empêcher l’apparition, l’aggravation ou l’extension des maladies. Confrontée à l’irruption de la pandémie, notre médecine de soin et de guérison s’est révélée aussi efficace que possible en l’absence de vaccins et de traitements. En anticipation d’autres crises, sanitaires et/ou climatiques, elle doit maintenant passer le cap de la médecine de prévention.
Il faudra, pour ce faire, actualiser certains logiciels. Si la pratique des dépistages en raison d’antécédents familiaux est courante, les médecins généralistes ou spécialistes sont rarement en capacité de prescrire des séances de sport ou une alimentation saine. Il nous faudra également remédier au trop peu d’attrait des praticiens et des étudiants pour la médecine du travail. Avec des prérogatives certes limitées puisque l’employeur reste le décideur dans la sphère de l’entreprise, seul le médecin du travail peut aujourd’hui prescrire, donc imposer, des mesures de prévention pour les situations critiques. La crise actuelle peut justement aider à rapprocher médecine de ville et médecine du travail. Les débats sur la reconnaissance du Covid, pardon… de la Covid, comme maladie professionnelle illustrent les nécessaires passerelles entre la santé publique et la santé au travail.
Chahuté ces derniers jours sur la situation des hôpitaux, le Président de la République a reconnu que la réforme en cours du système de santé devra être repensée à l’aune de la crise sanitaire. Consultée à cet effet, la CFTC défendra qu’il faut sortir du mode d’organisation et de financement centré sur le curatif. Le temps est venu d’abattre la barrière symbolique qui cantonne d’un côté l’assurance maladie, principal financeur de la santé, au paiement quasi exclusif d’actes de soin et de l’autre côté, les services de l’État, décideurs mais sans véritable levier financier aux actions de prévention.
Les pays dont c’est la culture nous prouvent aujourd’hui que le coût humain et financier de la prévention s’avère toujours inférieur, sur la durée, aux coûts induits par la survenance du risque. Sans idéologie, avec pragmatisme, sachons nous inspirer de ces pays et de leur culture !