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Hôpitaux : « Il faut recruter des personnels supplémentaires », Patrick Mercier

28 novembre 2019 | Social

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Patrick Mercier, président de la Fédération CFTC Santé Sociaux, réagit au plan d’urgence pour les hôpitaux. Il salue les mesures financières annoncées le 20 novembre 2019. Mais réclame toujours le recrutement de personnels supplémentaires et la revalorisation générale des salaires.

Avez-vous trouvé des éléments de satisfaction dans le plan annoncé avant-hier ?

Le milliard et demi d’euros qui va être attribué aux budgets des hôpitaux est une somme énorme. Il faut cependant la rapporter aux plus de deux mille établissements présents sur toute la France. Pour certains petits établissements, je crains que ça ne s’apparente en fait à un saupoudrage. Par exemple, les 50 millions d’euros attribués aux Ehpad au premier trimestre 2018 pour recruter du personnel n’a abouti qu’à une création de poste pour un établissement sur cinq. Mais il s’agit tout de même d’une bonne mesure. Tout comme les 150 millions d’euros pour la remise à niveau du matériel.

En revanche, sur les mesures salariales et catégorielles, il y a encore à faire. D’abord, la prime de 800 euros par an (pour les infirmiers et aides-soignants travaillant dans l’agglomération parisienne et gagnant moins de 1 900 euros par mois, NDLR) risque d’accentuer les ressentiments entre établissements. Ensuite, elle pose plusieurs questions. Est-ce qu’elle concerne tous les établissements d’Île-de-France ou simplement ceux de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) ? Sera-t-elle mensualisée ou versée en une seule fois ? Est-ce qu’elle deviendra une prime mensuelle pérenne ?

Enfin, la prime de 100 euros net mensuels aux aides-soignants qui ont acquis des compétences spécifiques en gériatrie est aussi à relativiser. En effet, une prime de 90 euros brut pour les aides-soignantes exerçant en Ehpad a déjà été créée en 2010.

Les mesures financières ne permettront-elles pas de recruter de nouveaux professionnels ?

Tout dépend de l’utilisation que les établissements feront des fonds. Si ce sont les ARS (Agences régionales de santé, NDLR) qui les distribuent, ce sera en contrepartie d’un plan d’utilisation. Donc est-ce que ces fonds vont être investis plutôt dans le matériel ? Plutôt dans le personnel ? Sachant que de nouveaux recrutements représentent autant de moyens que l’établissement ne pourra plus utiliser les années suivantes.

Parmi les mesures que vous réclamez, quelles sont les plus urgentes ?

Il faut donner les moyens aux établissements de recruter des professionnels supplémentaires, à la fois pour le travail quotidien et pour les périodes de vacances. Les agents pourraient alors avoir un week-end sur deux, au lieu d’un sur trois ou un sur quatre aujourd’hui. Ils pourraient aussi prendre leurs congés, alors que parfois ils ne peuvent pas partir ou sont obligés de revenir de congés. Il faudrait aussi arrêter les fermetures de services mais celles-ci découlent souvent du manque de personnel.

Ensuite, concernant les salaires, nous réclamons l’augmentation du point d’indice. Celui-ci est bloqué depuis trois ans et nous avons perdu 4 % de pouvoir d’achat minimum à cause de l’inflation. En outre, nous demandons pour les aides-soignants en fin de carrière un reclassement dans un grade supérieur. Cela revaloriserait automatiquement leurs pensions.

Comment voyez-vous la suite du mouvement ?

Le 17 décembre, nous allons participer à une nouvelle journée de mobilisation pour l’hôpital public. Nous allons continuer de demander la mise en œuvre de mesures immédiates en vue de garantir aux agents une qualité de travail digne de ce nom ; et à l’ensemble des usagers une égalité de traitement et d’accès aux soins par un service public de qualité.

Laurent Barberon

Crédit photographique : pxhere / gcasasola
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