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Mouvement social dans les urgences : rencontre avec les équipes de Douai

1 juillet 2019 | Social

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Les services d’urgences sont touchés par un mouvement social d’une ampleur nationale. Agnès Buzyn a tenté d’y répondre par une série de mesures. Celles-ci n’ont pas convaincu le personnel des urgences de Douai, en grève depuis le 18 juin.

Le mouvement social touchant les services d’accueil d’urgences (SAU), qui a débuté au mois de mars à Paris, a atteint une dimension nationale. Pour y répondre, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a annoncé une série de mesures le 14 juin dernier.

Au centre hospitalier de Douai, la totalité du personnel du SAU fait grève depuis le 18 juin. C’est une nouvelle agression d’un agent qui a mis le feu aux poudres. La CFTC, qui tire la sonnette d’alarme depuis longtemps, porte les revendications du mouvement : davantage d’effectifs, respect de la législation sur le temps de travail et présence d’un agent de sécurité tous les jours, 24 heures sur 24.

Manque de personnel et de moyens

« Les urgences sont la vitrine de l’hôpital et ses difficultés reflètent parfaitement l’état et le mal-être des services hospitaliers dans leur ensemble », affirme Hélène Mika, infirmière et responsable de la section CFTC. Elle dénonce avant tout le manque de personnel et de moyens dans tous les secteurs des urgences de Douai. Si l’on prend l’exemple de l’accueil infirmier, deux agents seulement sont présents pour enregistrer les patients, effectuer les premiers soins et un premier examen, et les orienter vers le bon secteur. « Quand l’aide-soignante doit déshabiller toute seule une personne âgée et que, parfois, une dizaine de patients attendent derrière, on n’a pas le temps d’être à l’écoute », déplore-t-elle.

Ensuite, les patients doivent attendre quatre heures, voire davantage, avant de voir un médecin. Suivent les soins, les examens et le diagnostic. En cas d’hospitalisation, la personne doit subir une longue attente sur un brancard très inconfortable, à côté d’autres patients, le temps qu’un lit se libère dans les étages. Faute de place, il peut alors rester en UHCD (Unité d’hospitalisation de courte durée) plus de 24 heures, la durée maximum réglementaire.

Violence institutionnelle

« On n’a plus les moyens de traiter les patients avec bienveillance, avec l’écoute à laquelle ils ont droit, dans un temps de prise en charge normal, témoigne Hélène Mika. Cela aboutit à de la violence institutionnelle, c’est inadmissible ! » En fait, « les effectifs et les moyens n’ont pas suivi l’augmentation du bassin de population », explique-t-elle. Malgré cela, l’ARS (Agence régionale de santé) impose au CH un « contrat de retour à l’équilibre financier », qui exige une baisse d’effectifs de 50 agents et des mesures d’économies drastiques.

Parmi les mesures annoncées le 14 juin figure le relèvement du plafond d’heures supplémentaires de 15 à 20. « Le nombre d’heures supplémentaires flambe déjà !, s’émeut Hélène Mika, on ne peut pas demander à des gens déjà épuisés de travailler encore plus ! Cela prouve, au passage, qu’il n’est pas possible de faire le travail avec les effectifs actuels. » Pour couronner le tout, ces heures ne sont généralement pas payées. Quant aux primes de risque et de coopération et au renforcement des effectifs paramédicaux pendant l’été, également annoncés par la ministre, ils ne convainquent pas davantage.

Laurent Barberon

Crédit photographique : CFTC CH Douai
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