« On espère que tout le monde sera accompagné », Marc, directeur d’agence intérim et militant CFTC
31 mars 2020 | Visages du syndicalisme
Marc Donati est directeur de l’agence Adecco d’Agen (47) depuis 2011 et responsable de section syndicale CFTC
À quelles difficultés êtes-vous confronté ?
Elles sont énormes, évidemment liées à la chute d’activité. La moitié de nos clients a fermé ses portes aujourd’hui. Le volume de nos intérimaires en poste a chuté lui aussi de plus de 50 % en 15 jours. La logistique et l’agroalimentaire qui nous sollicitaient encore sont moins demandeurs. Nos avons très peu de visibilité, même à l’horizon de la semaine prochaine.
N’y a-t-il pas une carte à jouer auprès du milieu agricole ?
Nous avons une petite activité avec le secteur agricole, mais celui-ci travaille essentiellement avec des saisonniers en CDD. Nous sommes pour l’instant peu sollicités, malgré nos relances de contacts.
Quelles attentes avez-vous ?
Une réponse du gouvernement quant au chômage partiel dans notre secteur ! Cela permettra à des centaines de milliers d’intérimaires d’en bénéficier. Jusqu’ici, c’est uniquement le cas pour ceux qui travaillaient dans des entreprises elles-mêmes éligibles au chômage partiel. Et encore, nous effectuons en ce moment un gros travail de relance pour que ces entreprises régularisent la situation de leur main-d’œuvre intérimaire. Tout cela est survenu brutalement, beaucoup ont vu leur contrat rompu de fait du jour au lendemain. Leur entreprise leur a demandé de rentrer chez eux, car elle a dû fermer. Dans notre agence, nous suivons 35 CDI intérimaires que nous payons pour l’instant sans qu’ils puissent effectuer leurs prestations… Il faut que ce décret, déjà attendu à la fin de la semaine dernière, viennent préciser les choses. On espère que tout le monde sera accompagné.
Certains intérimaires sont-ils partis d’eux-mêmes ?
Oui, c’est le cas pour certains et nous les comprenons. Je pense à ceux qui recevaient le public – comme à La Poste avant la fermeture des locaux – ou sur une chaîne – comme chez Upsa. Ils ne pouvaient pas faire valoir leur droit de retrait, car les consignes légales de sécurité étaient respectées. Mais ils éprouvaient une peur légitime.
Qu’entrevoyez-vous pour l’avenir ?
Difficile à dire, tout est très flou. Dans notre agence, la responsable des recrutements est en chômage partiel. Pour ma part, je solde un maximum de congés avant d’y être à mon tour. Je reste bien sûr disponible pour répondre aux sollicitations de mes collègues ; paradoxalement, elles sont peu nombreuses. Une chose est sûre : lors de la reprise d’activité, il s’agira d’être réactifs ! Nous risquons de vivre un fort décalage avec des besoins considérables et une réponse très rapide à y apporter. Rien n’a encore été articulé au niveau national.
Lire aussi :
« Nous vivons un véritable tsunami », Agnès, présidente du syndicat CFTC du travail temporaire