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« Vous trouvez ça logique ? », Patrick, intérimaire

31 mars 2020 | Visages du syndicalisme

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Patrick*, la trentaine, est intérimaire. En poste depuis six mois dans une entreprise fabriquant des médicaments, il reste circonspect quant à la pertinence de certaines mesures appliquées dans sa structure. En colère, il raconte les incohérences de son quotidien.

Qu’est-ce qui a changé dans votre quotidien depuis l’épidémie de Covid-19 ?

Je travaille toujours actuellement. Nous fabriquons des médicaments contre le cancer, par exemple, dont les gens ont besoin. Franchement, nos conditions de travail étaient très correctes jusqu’à la pénurie de masques. Pour faire simple, vous devez normalement changer de masque à chaque fois que vous manipulez un nouveau produit (qui peut être cancérigène). Avec la pénurie, je suis obligé de garder le même pendant huit heures, mes heures quotidiennes de travail. On n’est plus protégé. J’ai peur. Pas forcément pour moi, qui n’appartiens pas à la population à risque, mais pour mes enfants.

Dans quel climat travaillez-vous ?

Dans la méfiance, la peur généralisée. Que l’entreprise contribue à installer. Exemple : deux personnes sont rentrées d’Italie. Ont-elles fait les quinze jours de quarantaine ? Non. Sont-elles revenues travailler dès leur retour ? Oui, alors que la direction savait d’où elles venaient. Mais il n’y avait personne pour les remplacer. Vous trouvez ça logique ? Et ce n’est pas la seule incohérence : on a pour consigne de se tenir aux rampes lorsqu’on doit monter, mais on ne doit pas s’approcher des autres, des collègues. Les rampes sont désinfectées au maximum une fois par jour. Vous croyez que le virus ne s’y installe pas ?

Pourquoi continuez-vous néanmoins à aller travailler ?

Pour gagner de quoi vivre. Si je me mettais en arrêt maladie, et j’y ai fortement pensé lors de l’annonce de la pénurie de masques, je ne toucherais que 84 % de mon salaire. 1 200 euros net environ. Ce n’est pas possible de vivre à quatre dessus. Et encore, je ne suis pas parmi les plus malheureux chez les intérimaires, moi je travaille. Certains ne vont rien toucher du tout.

 

*Le prénom a été changé.

 

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« On espère que tout le monde sera accompagné », Marc, Directeur d’agence intérim et militant CFTC

« Nous vivons un véritable tsunami », Agnès, présidente du syndicat CFTC du travail temporaire

 

Crédit photographique : Pixabay / Denfran
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