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Covid-19. L’incontournable chantier de réhabilitation de l’état providence

27 avril 2020 | Social

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L'édito de Cyril Chabanier, président confédéral

La crise que nous traversons braque ses projecteurs sur des réalités, des acteurs dont la routine des « jours heureux » nous fait parfois oublier l’importance. J’ai maintes fois souligné, dans mes éditos de « confiné », l’utilité sociale de ces métiers aujourd’hui en première et deuxième ligne. Parmi ces métiers qui recouvrent tous les statuts et tous les profils, les agents de services publics ne sont bien évidemment pas en reste. A travers eux et les missions qu’ils exercent, c’est vers l’Etat que l’on se tourne. Pour assurer la continuité des services indispensables à nos vies privées comme collectives. Pour financer et maintenir hors de l’eau nos entreprises et nos emplois. Pour préserver notre cohésion sociale.  

Si l’Etat, les pouvoirs publics constituent, comme de coutume, la première des solutions à la crise, ils sont aussi une part du problème ! Il est difficile d’expliquer pourquoi notre voisin allemand affiche des résultats aussi favorablement éloignés des nôtres. Si ces écarts résultent, à coup sûr, d’une combinaison de différents facteurs, le facteur « équipement » pèse d’un poids certain. Avant l’épidémie, on comptait en Allemagne 28.000 lits en réanimation contre 5.000 en France. Sous-équipement dans la fonction publique hospitalière, baisse des effectifs dans les fonctions publiques territoriale et d’État, la chasse aux coûts telle qu’elle se pratique dans le secteur privé est devenue l’alpha et l’oméga banalisés de nos politiques publiques.     

Le facteur « organisation » doit lui aussi être questionné. Décentralisation oblige, les « länder » allemands sont compétents en cas de crise sanitaire pour mieux adapter leurs ressources locales aux situations concrètes de « terrain ». Par temps calme, ils forment et organisent leurs équipes autour d’un système universitaire local d’autant plus performant qu’il s’appuie sur des investissements toujours croissants en matière de recherche. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle de la CFTC. Nous défendons le principe d’une réorganisation progressive de notre système de santé qui tienne compte des différentes configurations locales d’offre de soins. Un virage ambulatoire pour écourter les séjours en milieu hospitalier et offrir au patient des services au plus près de son milieu de vie.

Qu’il s’agisse de la santé, de l’enseignement, de la recherche, des équipements et autres investissements publics (je pense notamment à la fracture numérique), il nous faudra au sortir de la crise engager un chantier de réhabilitation de l’Etat-providence. Ce chantier aura un prix que nous devrons « quoi qu’il en coûte », assumer. Les entreprises qui bénéficient aujourd’hui de l’Etat-pompier devront prendre leur part du financement de ce coût. Leur attractivité, leurs performances doivent beaucoup aux ressources qu’elles tirent directement ou indirectement de l’Etat : L’aménagement des territoires pour renforcer leur accessibilité ; l’enseignement et la formation professionnelle initiale pour disposer des compétences sans lesquelles aucune richesse n’est créée…

Nous autres, partenaires sociaux, devront apporter notre pierre à l’édifice en contribuant à redéfinir les activités devant prioritairement relever des services publics. La CFTC prendra sa part de l’effort avec, comme boussole, le bien commun et la protection de nos concitoyens !

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