Suivez-nous

« À nous de créer des conditions favorables à l’engagement syndical féminin »

4 mars 2021 | Social

  • Partage

Anne Chatain est présidente de la fédération Média + et secrétaire générale adjointe de la confédération. Pour la journée du 8 mars, elle évoque l'engagement syndical au féminin.

Les différences de traitement entre les femmes et les hommes dans les entreprises sont difficilement perceptibles… avant d’y être soi-même confrontée ! Ainsi, à mon retour de congé maternité, j’ai pu constater à quel point j’étais peu attendue.

Injustice et engagement syndical

De cette injustice est né mon engagement syndical. Pour sa part déjà militant, mon mari m’a soutenue alors que j’intégrais une équipe CFTC du Bas-Rhin, dont le savoir-faire m’a incroyablement stimulée. Sans ma famille, sans cette équipe, je n’aurais jamais pu accéder à un mandat de représentante au niveau national.

Les femmes ne manquent pas d’intérêt pour le syndicalisme

Elles constituent en effet à peu près la moitié des effectifs adhérents. Mais de femmes exerçant des responsabilités syndicales, on en compte encore peu. Elles ont bien souvent le même profil (plutôt diplômées) et restent cantonnées à une posture « maternante » (missions d’approche des travailleurs, d’écoute, de care…).

Il y a pourtant là au moins deux paradoxes.

La précarité et la pénibilité concernent majoritairement les travailleuses, qui se voient plutôt représentées par des hommes. Seconde contradiction : le parcours syndical permet au militant d’acquérir savoirs et qualifications. Or, les femmes, qui occupent des postes moins qualifiés que les hommes, ne se bousculent toujours pas pour s’engager.

Favoriser l’engagement syndical féminin

Dès lors, c’est à nous, militants, de créer des conditions favorables à l’engagement syndical féminin. S’enclenchera ensuite une dynamique. Dix ans après l’adoption de la loi Copé-Zimmermann, on s’aperçoit que celle-ci a permis une représentation plus équilibrée des femmes dans les conseils d’administration… Pouvons-nous, pour mettre un terme à la sous-représentation des femmes dans le monde syndical, nous dispenser de créer une norme ? Je ne le crois pas. Après tout, l’obligation légale de féminiser les listes électorales – largement anticipée par la CFTC – a plutôt bien fonctionné.

Les conditions d’exercice de nos mandats durant la crise ont prouvé que nous pouvions adapter notre organisation de travail et éviter la surabondance de réunions tardives ou de déplacements, qui constituent autant d’obstacles au militantisme féminin. Elles ont permis de dépasser les apparences, pour nous focaliser sur la compétence de la personne située derrière son écran. Plus que tout, je crois en la motivation de la génération montante. Ces jeunes femmes adhèrent au sens, à la valeur des collectifs, et elles n’ont pas peur d’affronter le monde avec ce qu’il recèle de violence.

Lire aussi :

[SYNTHÈSE] Femmes-Hommes : toujours des inégalités criantes dans le monde du travail
[INTERVIEW SOCIOLOGUE] « Les femmes qui sont au front, en première ligne, deviennent enfin visibles »

 

Crédit photographique : Fanny Maréchal
Actualités, ressources, ne manquez rien abonnez-vous à notre newsletter

Actualités, ressources, ne manquez rien…

Abonnez-vous à la newsletter !