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L’édito de Cyril Chabanier : un budget sans boussole n’est pas un projet de société

24 novembre 2025 | Social

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Quelles que soient les modalités de leur adoption — vote, ordonnances ou loi spéciale — l’État et la Sécurité sociale auront un budget. Si la CFTC a estimé la durée de vie des amendements et autres galops d’essai trop incertaine pour les commenter dans le détail, elle salue toutefois la tenue des débats. Le Parlement joue son rôle, les idées s’affrontent et c’est une bonne chose pour la démocratie!

Ce qui fait malheureusement encore défaut aujourd’hui, c’est la vision d’ensemble. Beaucoup de mesures d’économie formulées ici ou là pourraient être validées par la CFTC si, et seulement si, elles s’inscrivaient dans un plan global. Le pays a besoin de réformes de fond, destinées à agir sur le long terme, plutôt que de cet empilement de mesures conjoncturelles, réactives et correctives dont on finit par perdre le sens. J’en veux pour preuve quelques exemples.

La Prime d’activité : Son gel, envisagé pour des raisons budgétaires, ne peut s’entendre que s’il s’accompagne d’une refonte des exonérations de cotisations. La CFTC le rappelle : le pouvoir d’achat doit reposer prioritairement sur le « juste salaire » versé par l’entreprise, et non sur une perfusion permanente de fonds publics. Une réforme audacieuse de ces exonérations aurait incité les entreprises à augmenter les salaires réels, en contrepartie de leur maintien, pour compenser le gel de la prime d’activité. Sans surprise, nous ne trouvons aucune trace d’une telle ambition dans le texte soumis au Sénat.

La Santé : Augmenter les franchises médicales revient à demander aux assurés de combler les déficits. C’est une mesure réactive, pas une solution. Une gestion responsable et durable exige de s’attaquer aux causes profondes par une politique ambitieuse de prévention, plutôt que de fragiliser les plus précaires. Or, la prévention demeure le parent pauvre du budget.

Dernière illustration de cette navigation à vue : Les retraites. La succession de réformes « paramétriques » nous condamne à retoucher le régime une fois par quinquennat, sans jamais s’attaquer véritablement à sa trajectoire déficitaire. On privilégie encore l’ajustement conjoncturel, comme le gel temporaire des pensions. La réponse à la dégradation structurelle des comptes devrait résider non plus dans un énième report de l’âge de départ ou dans l’accroissement de la durée d’assurance, mais bien dans une réforme systémique plus juste et plus lisible.

Les enseignements à tirer de cette fâcheuse tendance sont clairs. La vitalité démocratique ne peut se réduire à des joutes consistant à additionner des mesures comptables sans considération pour l’état réel du pays. Si un budget doit refléter une vision de la société et de son avenir, alors une cohérence d’ensemble doit en ressortir. Or, cette cohérence n’apparaît pas.

L’apprentissage du débat parlementaire suppose d’avoir à l’esprit une seule cible : l’intérêt général et, mieux encore, ce Bien Commun si cher à la CFTC. 

Par Cyril Chabanier

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