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Covid-19. « Je ne pars pas dans l’idée d’une rentrée le 11 mai », Marielle, enseignante et militante CFTC

20 avril 2020 | Visages du syndicalisme

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Marielle, 35 ans, est professeure des écoles dans un établissement privé à Limoges (87). Impliquée dans le suivi pédagogique de ses élèves, elle reste « sceptique » quant à une éventuelle rentrée des classes le 11 mai.

Quelle est votre drôle de vie depuis le début du confinement ?

Je travaille donc de chez moi. Je suis professeur des écoles en maternelle. J’ai 28 élèves dans ma classe de grande section. Pour garder le lien et la continuité pédagogique avec eux, il a fallu faire preuve de beaucoup d’inventivité. D’ailleurs, j’aimerais souligner le travail que font tous les enseignants pendant cette période, les efforts que tous fournissent, même les moins aguerris aux nouvelles technologies et qui ont dû s’y mettre.

Comment faites-vous pour continuer à enseigner à des enfants de 5 ans ?

C’est beaucoup de travail, de recherches en amont, de réflexion. Tous les jours, j’envoie par mail un petit défi que mes élèves doivent résoudre. Par exemple, aujourd’hui, j’ai lancé une chasse aux trésors, en mettant les parents à contribution : ils doivent cacher des indices un peu partout dans leur maison pour résoudre une énigme et qu’on travaille ainsi sur la phonologie. J’ai aussi dû m’adapter, et je ne m’y attendais pas au début, aux foyers qui n’ont pas de moyens d’impression à disposition. Il a fallu chercher des liens pour des logiciels éducatifs, demander aux parents de jouer à la maîtresse. Détailler le travail prend énormément de temps. Je crois que c’est le plus chronophage, dans mes journées. Je prends aussi des nouvelles par téléphone des élèves les plus en difficulté. Bref, je maintiens le lien avec mes 28 élèves. Je ne sais pas si ce que je fais est parfait, mais j’y mets beaucoup d’énergie.

Comment avez-vous reçu les récentes annonces gouvernementales qui prévoient la rentrée des classes le 11 mai ?

Je suis extrêmement sceptique. Ces annonces soulèvent à la fois beaucoup de questions et énormément d’anxiété. Même si elle est progressive, cette rentrée ne pourra se faire dans les conditions d’avant. Nous avons peur, nous, les enseignants, mais aussi les parents, qui ont déjà manifesté leur désarroi face à cette décision. Nous avons besoin de garanties sur la sécurité en classe : protection, matériel, désinfection… Aura-t-on des masques, des blouses de protection ? Les locaux seront-ils adaptés ? Comment voulez-vous faire respecter les gestes barrière dans une école primaire, et a fortiori en maternelle !

Lire aussi : « Certains précautions sont préconisées mais leur application est impensable », Annie Toudic, président du SNEC-CFTC

Vous n’y croyez donc pas…

Je ne pars pas dans l’idée d’une rentrée le 11 mai, non. Pas dans les conditions actuelles. Le ministre Blanquer doit donner des précisions sous quinze jours, on les attend. Je comprends qu’il soit important de « récupérer » le suivi pédagogique d’enfants qui auraient décroché pendant le confinement. Mais je nous vois plus comme des agents de l’État envoyés au front, pour libérer les parents et remettre l’économie du pays en marche.

 

Crédit photographique : NeiFo / Pixabay
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