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Covid-19. « Grâce aux réseaux sociaux, on reste mobilisés », Aurélie, militante CFTC et conseillère confédérale

14 avril 2020 | Visages du syndicalisme

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Covid-19. Vendeuse chez But à Sélestat (67), Aurélie, 35 ans, est une DS extrêmement impliquée dans la vie de son entreprise. Solidaire et pugnace, elle négocie au quotidien pour améliorer le sort de ses collègues pendant, mais aussi après le confinement.

Comment se déroulent vos journées actuellement ?

Chez moi, puisque chez But, en France, sur 6 500 salariés, 6 100 sont au chômage partiel. J’ai la chance de vivre avec mon fils de 14 ans, donc la matinée est consacrée aux devoirs, je joue à la prof. D’ailleurs, je tiens à souligner qu’après les petits couacs de la plateforme qui ne fonctionnait pas, je constate une proximité entre profs et élèves, une solidarité qui s’installe : les profs appellent régulièrement pour prendre des nouvelles et les élèves se sentent soutenus. C’est très important en ce moment.

Et quand vous ne « jouez pas à la prof » ?

Si je suis au chômage partiel, mon mandat, lui, ne l’est pas (Rires). Je réponds aux appels, aux questions de mes collègues. Je suis à la fois DS, négociatrice de branche au sein de ma convention collective, conseillère confédérale dans le cadre de la commission Jeunes et conseillère prud’homale. Donc j’essaye de rassurer au mieux les salariés. Par exemple, la direction veut appliquer la loi, soit nous rémunérer à 70 % du salaire brut, alors que But gagne beaucoup d’argent depuis deux ans ; qui plus est, notre P.-D.G. s’est tiré une balle dans le pied avant le début du confinement : il avait indiqué que si cette crise arrivait, les employés seraient rémunérés à 100 %. Nous, les organisations syndicales, négocions donc l’application de cette annonce qui n’est pas tenue. On ne se sent pas écoutés. Voici un autre exemple : j’avais prévenu ‒je suis aussi secrétaire du CSSCT national ‒ dès fin janvier qu’un péril allait arriver, et j’avais demandé des protections (masques, gants…) La direction m’avait alors ri au nez ! Si on devait reprendre le travail demain, on ne pourrait pas le faire dans de bonnes conditions, les protections n’étant toujours pas réceptionnées.

Quelles sont les autres sources d’inquiétude ?

Il s’agit plutôt d’une victoire. Nous avons réussi à obtenir la mise en place d’une « help line », qui sera effective la semaine prochaine. Je suis en effet inquiète pour mes collègues qui vivent dans de petits espaces, seuls, et qui peuvent très mal supporter le confinement. Désormais, ils auront un numéro pour appeler en cas de « moins bien », et seront écoutés par des psychologues. Et deuxième victoire, cette hotline restera ouverte après le déconfinement. Je suis très préoccupée par la reprise de l’activité : actuellement, l’entreprise perd des millions d’euros, la direction va mettre une pression maximum pour combler le retard et je ne veux pas que les salariés soient alors lâchés psychologiquement.

Gardez-vous le contact avec vos collègues, justement ?

Oui. C’est maintenant que la solidarité doit s’exprimer. Cette après-midi, je vais passer des appels à mes collègues, pour savoir comment ils vont, pour n’oublier personne. On se fait aussi des apéros FaceTime. D’ailleurs, les réseaux sociaux sont très utiles en ce moment.

Des nouvelles des Jeunes CFTC

« Avec Rémi Boulet (également conseiller confédéral issu du collège Jeunes), nous avons créé un groupe Messenger, sur lequel nous recevons des infos des uns et des autres en France : les difficultés dans le monde hospitalier, les conditions de télétravail… C’est essentiel de garder cette visibilité et surtout de conserver ce lien. Même si on ne peut plus être sur le terrain, grâce aux réseaux sociaux, on reste mobilisés. »

Crédit photographique Une : Lobo studio hamburg / Pixabay
Crédit photo portrait : Fanny Maréchal

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