Guyane : au-delà de l’urgence, penser le long terme !
7 avril 2017 | Social
Face à l’ampleur de la crise économique et sociale que connait la Guyane, le gouvernement français a adopté un plan d’urgence de 1,086 milliards d’euros, ainsi que 12 accords sur des secteurs clés tels que la sécurité, la justice, la santé, l’éducation, l’agriculture et la pêche, le bâtiment. Une démarche à saluer, mais qui doit désormais s’inscrire dans le long terme.
Les accords signés doivent s’inscrire dans une stratégie globale
Face à l’ampleur de la crise économique et sociale que connait la Guyane, le gouvernement français a adopté un plan d’urgence de 1,086 milliards d’euros, ainsi que 12 accords sur des secteurs clés tels que la sécurité, la justice, la santé, l’éducation, l’agriculture et la pêche, le bâtiment. Une démarche à saluer, mais qui doit désormais s’inscrire dans le long terme.
Dans un courrier adressé au Gouvernement, l’union régionale CFTC de Guyane souligne la gravité de la situation et explique que le plan d’urgence doit impérativement s’inscrire dans une véritable stratégie de construction sociale à long terme. Pour ce faire, des pistes y sont présentées, ainsi que des sources de financement.
Des ressources naturelles exceptionnelles
La Guyane est une terre riche en matières premières : or, produits de la mer, énergie fossile, notamment. Des ressources qui demeurent sous-exploitées, par manque d’investissement et d’infrastructures.
Le schéma régional de développement économique du Conseil régional guyanais, cité par le rapport de l’INSEE « Territoire guyanais – L’exploitation des matières premières et du tourisme : l’avenir de la Guyane ? », soulignait déjà ce fait en 2014 :
« Il existe en Guyane des richesses naturelles importantes mais les filières sont désorganisées ou quasi-inexistantes. Par ailleurs, le contexte actuel est favorable à la création de pôles d’excellence industriels territoriaux au niveau national et européen alors que les échanges entre le monde économique et industriel et celui de la recherche sont insuffisants. »
Il y a pourtant là un gisement d’emplois… et des opportunités manquées d’échanges commerciaux, notamment avec la métropole et les pays frontaliers, comme le Surinam et le Brésil.
Un fort potentiel touristique et écologique
Le secteur touristique est lui aussi sous-exploité. Cette terre d’Amazonie à la biodiversité exceptionnelle pourrait pourtant attirer aussi bien les amateurs d’écotourisme que les tenants d’un tourisme d’aventure. Mais aussi les passionnés d’exploration spatiale, dont Kourou demeure une capitale !
L’hôtellerie-restauration, la culture et l’environnement pourraient ainsi bénéficier d’un afflux touristique. Là encore, un gisement d’emplois.
Enfin, le développement des énergies renouvelables, en plus d’entamer une transition écologique elle aussi négligée, permettrait de soutenir l’écotourisme cité plus haut, tout en garantissant des investissements dans les technologies les plus récentes.
Crédit photographique : Harvepino / Fotolia
Des sources de financement
Pour financer cette stratégie de construction et compléter le plan français, l’union régionale Guyane CFTC préconise de mobiliser davantage les Fonds Européens Structurels et d’Investissement1 (FESI) dont bénéficie déjà la région Guyane2, parmi lesquels :
- Le Fonds européen de développement régional (FEDER) et le Fonds social européen (FSE), qui financent la politique de cohésion économique, sociale et territoriale.
En Guyane, le FEDER est utilisé pour favoriser les activités de recherche et d’innovation des entreprises, le déploiement du réseau numérique, le développement urbain, les structures médico-sociales et les infrastructures de traitement des déchets et d’accès à l’eau potable.
Le FSE finance des programmes d’accompagnement et d’insertion de jeunes guyanais, des chercheurs d’emplois et des personnes en situation de précarité. - Le programme d’Initiative pour l’Emploi des Jeunes (IEJ), qui finance les actions en faveur des jeunes de moins de 26 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formations (NEET).
- Le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), qui soutient le développement rural dans le cadre de la politique agricole commune.
La transmission des savoirs, l’amélioration de la compétitivité, l’organisation de la chaine alimentaire, la préservation des ressources et le développement économique des zones rurales, sont les priorités du programme FEADER guyanais. - Le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP), qui finance la politique de la pêche et des affaires maritimes.
En région Guyane, des programmes de soutien à l’investissement productif en aquaculture, aux innovations et à l’installation de jeunes pêcheurs sont mis en œuvre.
D’autres pistes européennes et internationales de financements sont aussi possibles, notamment :
- Le Fonds européen de développement (FED). D’un budget de 30,5 milliards d’euros pour la période 2014-2020, il a vocation à soutenir les actions de développement économique, social et humain ainsi que la coopération régionale dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et d’Asie et les territoires d’outre-mer (PTOM). Là aussi, des propositions peuvent être formulées d’ici 2019, date à laquelle le budget du 12e FED sera fixé.
- Le Fonds pour l’environnement mondial qui finance des projets liés à la protection de l’environnement et des ressources naturelles (développement de l’éco-tourisme, préservation de la biodiversité, lutte contre la pollution de l’eau ou des sols…).