« Il faut s’affirmer pour trouver sa place », Hadiza Alzouma
8 mars 2017 | Social
Hadiza Alzouma a 35 ans de carrière dans l’informatique dont 15 chez son actuel employeur, GFI, la SSII (société de service et d’ingénierie informatique). La déléguée du personnel de 52 ans explique que la femme a toute sa place dans le numérique et le syndicalisme, deux univers dits masculins.
Hadiza Alzouma est déléguée du personnel dans une SSII
Hadiza Alzouma a 35 ans de carrière dans l’informatique dont 15 chez son actuel employeur, GFI, la SSII (société de services et d’ingénierie informatique). La déléguée du personnel de 52 ans explique que la femme a toute sa place dans le numérique et le syndicalisme, deux univers dits masculins.
« J’ai toujours été intéressée par l’informatique que j’ai commencée en 1983 en tant qu’ingénieure. Puis j’ai occupé la fonction de développeuse sur gros systèmes avant de faire aujourd’hui de l’AMOA, l’assistance à la maîtrise d’ouvrage. Mon métier demande beaucoup d’investissement : travail tardif (jusqu’à 22h voire 22h30) et certains week-ends lors de mise en production ou de phases de test avant livraison au client. Nous savons quand nous arrivons le matin mais jamais quand nous pouvons partir. Dans ces conditions, il est difficile de concilier vie professionnelle et vie personnelle. C’est l’une des raisons qui expliquent la forte masculinisation de ce secteur. » explique Hadiza Alzouma, consultante AMOA (assistante à maîtrise d’ouvrage) chez GFI et déléguée du personnel.
Les horaires ne sont pas les seules contraintes dans son métier. Une SSII (société de service et d’ingénierie informatique), place ses salariés chez des clients pour des missions bien précises, de durées plus ou moins longues. Entre deux missions, les informaticiens se retrouvent en chômage technique (par manque de projet) avec maintien de salaire : c’est ce que l’on appelle l’intercontrat.
Lorsque la période d’intercontrat dure, elle peut coûter cher à l’employeur. Ainsi, certains proposent des missions à 2h du domicile du salarié, qui après plusieurs refus, peut se voir licencier abusivement. Hadiza Alzouma a personnellement vécu cette mésaventure, qui l’a poussée à se tourner vers la CFTC en 2008. Elle a très vite rejoint l’équipe en tant que déléguée syndicale, membre du CE et du CHSCT : « Je voulais défendre mes collègues qui vivent la même chose ou ceux qui font face à une autre injustice » se souvient-elle.
Trouve-t-elle complètement sa place dans le syndicalisme ? « Comme dans l’informatique, ce n’est pas évident pour une femme d’évoluer dans l’univers syndical. Il faut s’affirmer voire s’imposer pour trouver sa place. Par ailleurs, le manque de temps et l’image de la femme associée aux responsabilités familiales n’incitent pas à un engagement. Moi-même, j’ai rencontré quelques difficultés au début de mes mandats, il y a 10 ans. C’est la raison pour laquelle je ne suis plus que DP aujourd’hui… Avec une bonne organisation (répartition des tâches par exemple), on arrive à gérer sa carrière, sa famille et son engagement syndical. Alors, attention à certains clichés qui ont pour conséquence de créer des divisions. A mon sens, le syndicalisme ne doit pas faire de différence entre les femmes et les hommes car toute personne qui remplit son rôle d’information, de soutien, d’accompagnement et de défense des salariés est l’avenir du syndicalisme. »
Propos recueillis par Chantal Baoutelman.