Pour plus de justice sociale et fiscale : pourquoi la CFTC se mobilise en septembre
3 septembre 2025 | Social
Fermement opposées à la violence des mesures budgétaires envisagées par le Gouvernement, la CFTC et l’intersyndicale appellent à une journée de mobilisation sur l’ensemble du territoire ce 18 septembre 2025. Cyril Chabanier, président de la CFTC, détaille ici les raisons qui motivent l’organisation de cette journée de manifestation.
Cyril, ce 18 septembre, la CFTC manifestera avec le reste de l’intersyndicale. Qu’est ce qui a motivé cette décision?
En substance, la CFTC s’oppose fermement aux 40 milliards d’euros d’économie que le gouvernement veut répartir entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités locales. Néanmoins, je voudrais clarifier une chose importante : le Premier ministre semble croire que les français, et les syndicats avec eux, n’ont pas pris la mesure de la gravité de notre situation budgétaire. A la CFTC, nous pensons le contraire ! Nous avons conscience, tout le monde en a conscience, que le paiement des seuls intérêts de la dette constituera le deuxième poste de la dépense publique en 2026 ! A titre de comparaison, ce poste de dépenses sera supérieur à celui de l’éducation nationale…Nous refusons que nos enfants ou petits-enfants héritent un jour de la facture et la payent au prix fort d’un renoncement à la protection sociale.
Qu’est ce qui pose plus précisément problème à la CFTC, dans ce projet de budget du Gouvernement ?
La CFTC pense que le rétablissement de nos comptes publics doit s’opérer dans le respect des principes les plus élémentaires de notre pacte républicain : le premier d’entre eux, c’est la justice sociale. Mais où est la justice sociale, quand on s’apprête à supprimer 2 jours fériés? A durcir les conditions d’accès à l’assurance chômage des demandeurs d’emplois, pour la 4e fois depuis 2019 ? Où est la justice sociale, quand le Gouvernement refuse de tirer les conclusions d’un récent rapport du Sénat, qui nous rappelle que les milliards d’euros d’aides publiques dont bénéficient les entreprises ne disposent même pas d’outils de suivi, d’évaluation et de correction dignes de ce nom ? On fait peser tout le poids des économies sur la population active. Par exemple, le gouvernement veut que l’assurance chômage économise autour de 2 milliards d’euros par an, mais il ne veut pas, dans le même temps, indisposer les chefs d’entreprises en leur demandant des comptes sur la destination et l’efficacité des 211 milliards d’euros d’aides perçues en 2023…
L’autre pierre angulaire de notre pacte républicain, c’est la solidarité nationale. Mais où est la solidarité nationale, quand la perspective d’une année blanche dégradera un peu plus les conditions de vie des plus précaires d’entre nous ? Je pense notamment aux jeunes ou encore aux familles monoparentales. Alors que la fortune des milliardaires français a augmenté de plus de 24 milliards d’euros depuis 2019, il ne paraît pas totalement indécent de les solliciter eux, plutôt que d’appauvrir encore ceux qui le sont déjà. Qu’on ne se méprenne pas : la CFTC respecte les chefs d’entreprise et ne voit pas d’un mauvais œil qu’il existe en France, comme ailleurs, des milliardaires. Elle rappelle simplement que les richesses produites et accumulées doivent tout ou presque aux infrastructures (transports, énergies, services publics…) qui sont financées par la dépense publique donc par les contribuables, les consommateurs, bref … nous toutes et tous !
Certains collectifs citoyens, en particulier sur les réseaux sociaux, appellent à bloquer le pays ce 10 septembre. Qu’en pense la CFTC ?
La question s’est effectivement posée à nos instances de soutenir ou pas ces mouvements spontanés, qui appellent à « tout bloquer ». Si la CFTC reconnaît évidemment à ses adhérents le droit de se mobiliser en leurs noms et d’exprimer leurs colères, elle a décidé de ne pas s’y associer en tant qu’organisation. Les raisons sont multiples : des mots d’ordre souvent très flous quand ils ne sont pas contradictoires ; des leaders qui mettent parfois en cause la légitimité des partis politiques comme des syndicats ; des appels à la « bordélisation » récupérés par des présidentiables pressés…
Ce n’est pas ainsi que la CFTC conçoit son rôle et son action. La CFTC croit en la mobilisation concertée, organisée par des collectifs légitimes car représentatifs (puisque élus), et dont le savoir-faire en la matière n’est plus à prouver. C’est à cette forme de mobilisation, que je vous appelle toutes et tous le 18 septembre. C’est ainsi que nous souhaiterions faire entendre de manière pacifique et responsable la voix des travailleurs, pour que la France adopte un budget juste, où les efforts ne seront acceptables que parce qu’ils seront équitablement répartis !