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« Il y a moins d’interventions, mais elles sont presque toutes liées au Covid », Thomas, sapeur-pompier et adhérent CFTC

7 avril 2020 | SocialVisages du syndicalisme

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Thomas, 42 ans, est sapeur-pompier professionnel depuis dix-huit ans dans les Bouches-du-Rhône. Convaincu de sa « mission de service public », il tente de gérer « cette crise sanitaire hors du commun et inconnue » au mieux, chaque jour.

Votre quotidien a-t-il changé depuis le début de la crise du Covid-19 ?

Oui. Je travaille en bureau en tant qu’adjoint du chef de centre, et l’essentiel de mes tâches actuelles est en relation avec le Covid-19. Nous sommes centrés sur la crise. Nos procédures, qu’il s’agisse d’opérationnel ou de gestion administrative, s’adaptent sans arrêt. On établit de nouvelles façons, en interne, pour travailler mieux et dans de meilleures conditions. Par exemple, on est obligés de refaire les plannings en effectif contraint, mais en étant toujours opérationnels. On vérifie que la désinfection des poignées de porte, téléphones… se fait bien trois fois par jour.

Les agents sur le terrain doivent suivre des mesures de précaution qui se sont durcies : les tenues sont plus protectrices. En fait, on s’adapte en permanence, d’autant que le pic de la crise est encore loin.

Quel est aujourd’hui le type des interventions ?

Étonnamment, il y en a moins, environ 35 % de baisse, mais elles sont presque toutes liées au Covid, aux suspicions d’infection. On constate une baisse des interventions « bobologie » : du type « je me suis coupé le doigt avec une feuille, j’ai besoin de vous », ou « je me suis fait mal au poignet en tombant », qui d’habitude engorgent les urgences. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience de la population : chacun se recentre sur l’essentiel. C’est une situation que nous avons déjà remarquée, quand il y a un gros feu de forêt, ou un événement climatique.

À quelles difficultés vous heurtez-vous ?

Elles sont de deux types. L’angoisse d’abord, tant pour les agents sur le terrain que pour nous qui sommes dans les bureaux et qui les côtoyons. On est là 7 j/7, et on vit avec la peur d’être infectés. Les mêmes questions reviennent en boucle : « et si je l’attrape ? » « et pourquoi on nous expose ? ». C’est anxiogène. Mais nous savons aussi pourquoi nous sommes là. Nous faisons tous ce métier parce que nous aimons aider les gens.

L’autre difficulté est d’ordre pratique. Il s’agit des protections, et encore, dans les Bouches-du-Rhône, nous sommes bien lotis, nous avions gardé des stocks de masques et de tenues de la période de la grippe aviaire. Mais on est loin d’être tous traités à la même enseigne sur le territoire français. Les pompiers sont en première ligne, et pourtant ils ne disposent pas du matériel nécessaire pour faire sereinement leur travail. On se sent oubliés du Gouvernement.

Mais vous sentez-vous soutenus par la population ?

Oui, mais ça se manifeste différemment de d’habitude, par des dons. Par exemple, une personne nous apporte chaque week-end des boîtes de masques FFP2 neufs. Une autre achète de la nourriture, gâteaux, fruits… pour nous la donner. Ça nous fait plaisir.

Crédit photographique : Thomas Cognis

 

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