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Réforme du métier d’infirmier : un progrès à saluer, mais à nuancer

14 mars 2025 | SantéSocial

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La réforme du métier d’infirmier a été adoptée en première lecture à l’assemblée nationale, dans la nuit du 10 au 11 mars. Elle devrait faire gagner les infirmières et infirmiers en autonomie, notamment en élargissant le nombre de produits et d’actes médicaux qu’ils peuvent prescrire et délivrer. La CFTC salue l’adoption de ce texte: s’il ne doit pas masquer les autres difficultés dont souffrent les professionnels du secteur, il participe à davantage reconnaître et valoriser les compétences des infirmiers, tout en fluidifiant et facilitant l’accès aux soins des malades.

Très largement réclamée par les professionnels du métier, la réforme du métier d’infirmier a été adoptée à l’unanimité en première lecture à l’assemblée nationale, dans la nuit du 10 au 11 mars. En substance, elle devrait permettre à près de 600 000 infirmiers (dont 140 000 libéraux) de voir leur autonomie d’action augmenter : ce texte acte en effet la reconnaissance de deux notions centrales : celle de la consultation infirmière et celui du diagnostic infirmier.

Très concrètement, il élargit significativement la gamme d’actes de soins et de produits médicaux (jusqu’ici très restreinte) que pourront légalement pratiquer et prescrire les infirmières et infirmiers. Il leur reconnaît également le droit d’adresser les patients vers d’autres professionnels de santé, ou encore celui de réaliser des actes de dépistages, ce qui devrait permettre d’améliorer la prévention des cancers et des maladies chroniques, comme les affections cardio-vasculaires (qui pèsent fortement sur le budget de dépenses de l’assurance maladie.). En outre, le texte prévoit, dans certaines régions, une expérimentation de l’accès direct aux soins infirmiers, sans consultation préalable d’un médecin.

Autonomiser les infirmiers, pour fluidifier le parcours de santé

La CFTC ne peut qu’approuver l’orientation globale de cette réforme : notre organisation estime en effet que notre système de santé doit en finir avec la stricte séparation entre médicaux et paramédicaux. Historiquement, le cadre juridique relatif à l’exercice de la médecine privilégie en effet le système « du tout médecin », en accordant aux médecins une forme d’exclusivité, en ce qui concerne le diagnostic et le traitement de maladies.

Dans un contexte de désertification médicale et de vieillissement de la population, ce mode de fonctionnement ne semble pourtant plus adapté aux besoins en santé de la population. Il semble notamment dysfonctionnel que des infirmiers et infirmières renoncent à délivrer certains actes médicaux – sous peine de sanctions potentielles – alors qu’ils ont pourtant le savoir-faire pour prescrire un traitement adapté à des patients. Ce texte devrait donc désormais leur permettre de plus librement exercer leurs qualifications, dans l’intérêt d’une meilleure prise en charge des personnes. Dans un ordre d’idées similaires, donner à la profession la possibilité d’établir des actes de dépistages est une bonne chose, notre système de santé souhaitant précisément être de plus en plus axé vers la prévention sanitaire.

Une réforme nécessaire, mais pas encore suffisante

En somme, la CFTC considère cette réforme comme globalement encourageante, aussi bien en termes de reconnaissance de la profession des infirmières et infirmiers, que d’amélioration de l’accès aux soins. Néanmoins, si cette proposition de loi contient des mesures positives, les nouvelles prérogatives des infirmiers ne peuvent constituer une réponse suffisante, face aux défis du secteur sanitaire.

Rappelons notamment que le métier d’infirmier connait des carences d’effectifs, qui nécessitent d’être comblées : si le nombre d’infirmières et d’infirmiers augmente, il progresse en réalité moins vite que les besoins en soins infirmiers, qui s’amplifient du fait du vieillissement de la population. Soulignons aussi que près de la moitié des infirmières et infirmiers quitte l’hôpital après dix ans de carrière en raison de faibles salaires, de conditions d’exercice dégradées et de volumes de travail excessifs. A ce titre, la CFTC continuera de militer pour une revalorisation non seulement statutaire mais aussi salariale des infirmiers, afin de faire regagner en attractivité ces métiers, qui sont au cœur même du parcours de santé des français.

AC

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