« Une blague salace est comme une gifle », Pascale Coton, vice-présidente CFTC
20 mai 2020 | Social
Vice-présidente confédérale, représentante CFTC au Cese (Conseil économique, social et environnemental), Pascale Coton nous invite à une formation en ligne qu’elle a elle-même suivie avec grand intérêt.
Beaucoup de personnes ont « profité » du confinement pour se former. C’est aussi votre cas ?
Bien sûr, car cette crise nous a invités à sortir de nos prismes habituels, de notre routine. Se former, c’est parfois simplement approfondir un point qui nous intéresse ; se doter des connaissances, notamment juridiques, nous permettant de l’appréhender. Le confinement a tragiquement mis en lumière les violences faites aux femmes. Le collectif « Nous Toutes » a plusieurs fois sonné l’alerte à ce sujet et a décidé de dispenser une session de formation en ligne à ce sujet. Je l’ai suivie et je tiens à la recommander. C’est extrêmement enrichissant et très bien conçu.
De quoi traite-t-elle exactement ?
Des violences sexistes et sexuelles. La séance s’ouvre sur la distinction à opérer entre conflit et violence. On apprend de cette façon à détecter cette dernière. S’ensuit l’analyse des mécanismes de la violence pour mieux l’enrayer, des moyens réglementaires dont nous disposons pour la contrer. On nous explique aussi comment s’adresser à une victime de tels agissements, car c’est loin d’être évident. Le tout dure 2 heures et demie, qu’on ne voit pas du tout passer. Deux professeurs alternent en effet explications et quiz, auxquels chacun répond par le biais de sa messagerie. Vous avez aussi la possibilité de converser avec deux autres personnes durant la session. Ces formatrices réussissent le pari de concilier approche réglementaire et humour, un humour un peu décalé, très « british ».
À qui cette formation s’adresse-t-elle ?
Je le précise d’emblée, aux hommes autant qu’aux femmes, car on ne tombe jamais dans une opposition caricaturale, ni dans la critique ou le jugement. Aux élus, bien sûr, car cela nous arme pour détecter les cas de violence et accompagner les salariés. Aux référents harcèlement dans les structures. Aux membres des ressources humaines. À nous tous, en tant que collègues, car on y apprend à distinguer ce qui est supportable et ce qui ne l’est pas, comme à désamorcer la violence. Parfois, il convient juste de montrer que l’on est informé, ou d’informer l’autre sur ce qu’il risque, ça peut suffire. Vous savez, une blague salace est comme une gifle : il faut stopper son auteur tout de suite. En lui montrant que c’est blessant, car il peut ne pas s’être rendu compte de la portée de son propos. On pose ainsi les bases d’un vivre ensemble dans des conditions saines. L’autre vertu de l’arrêter immédiatement est de bloquer un éventuel engrenage plus pervers, vers des actes de plus en plus dégradants. J’ai envie de dire que cette formation s’adresse à nous tous, en tant que citoyens. De plus, la violence peut être partout : dans l’espace public, dans les foyers… Savoir la caractériser, c’est déjà la combattre.
Ce format de session en ligne favorise d’ailleurs son accessibilité…
Tout à fait ! C’est gratuit, complètement anonyme, sans caméra, ni micro. Vous pouvez la suivre de chez vous, ce qui est parfois plus libérateur que sur le lieu de travail. Certaines sessions sont programmées en soirée. Vous êtes libre de quitter la session à tout moment, en cas d’impératif : les diaporamas vous sont transmis. Vous pouvez également joindre un psychologue par mail, si cela fait resurgir en vous une émotion difficilement gérable ; un accompagnement est prévu. Si le premier niveau de formation vous a convaincu, vous pouvez approfondir avec un second niveau. C’est vraiment du concret. Ce n’est pas en taisant ou en banalisant les choses que nous les feront disparaître, bien au contraire. Encore une fois, connaître les limites et les lois nous permet d’appréhender les situations avec plus de calme et de les combattre avec plus d’efficacité.
Propos recueillis par Maud Vaillant
* Prochaine session le 30 mai, de 16 h à 18 h, prévue pour 10 000 personnes
Inscriptions sur la page Facebook : @NousToutesOrg
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