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SFR : un plan de départs « coup de théâtre »

22 avril 2021 | Social

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La CFTC de SFR s’insurge contre le plan de départs volontaires annoncé par l’entreprise le 3 mars dernier. Celui-ci intervient alors que l’entreprise est bénéficiaire et tenait fin 2020 des propos rassurants sur le maintien de l’emploi.

Le 3 mars 2021, le CSE central de l’unité économique et sociale (UES) SFR, appartenant au groupe Altice, est consulté sur un « plan de transformation ». Celui-ci prévoit un plan de départs volontaires (PDV), le troisième depuis 2012 ! 1 700 salariés sont concernés : 1 300 sur l’UES SFR et 400 sur SFRD (le réseau de distribution des boutiques). Cela, alors même que l’entreprise affiche de bons résultats (10,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour Altice en 2020 (+ 2,4 %). 17 % des effectifs de SFR sont concernés par le plan de départs volontaires.

Trahison

« Une entreprise qui va bien ne doit pas licencier, surtout dans la période actuelle de crise sanitaire, où il est plus difficile de retrouver du travail », estime Francky Tabuteau, délégué syndical central CFTC de l’UES SFR. « Pour les salariés, c’est une grande incompréhension », témoigne Cécilia Pereira, DSC adjointe.

En effet, l’annonce du PDV est un véritable coup de théâtre ! Lors du CSEC du 15 octobre 2020 sur la stratégie de l’entreprise, « on nous dit : tout va bien !” », témoigne Francky Tabuteau. Tout le monde a encore en tête le message de Patrick Drahi, président d’Altice, adressé aux salariés en mars 2020 : « Nous sommes un grand groupe, international, solide, qui traversera cette crise mondiale et accompagnera ses équipes dans la durée. Vous pourrez toujours compter sur moi, je sais que je peux compter sur vous ». En toute logique, le principe de sécurité de l’emploi (garanti jusqu’à fin 2020 par l’accord New Deal de 2017) devait être reconduit.

Plus de fibre, moins de salariés

Les arguments de la direction ne convainquent pas. Notamment, de nouveaux investissements seraient nécessaires à cause du démantèlement des antennes 5G de Huawei. « Ce n’est qu’un prétexte », affirme Francky Tabuteau. De fait, les premières décisions de l’État concernant Huawei datent de juillet 2020.

Sont aussi invoqués des investissements pour déployer la fibre. Mais comment les concrétiser en se privant de personnel ? « Altice a intégré de nombreux sous-traitants », explique Francky Tabuteau. Mais vont-ils recruter pour compenser les départs chez SFR ? « Là est la question », répond Cécilia Pereira. SFR tempère néanmoins son PDV par le recrutement de 1 000 jeunes diplômés et 1 000 apprentis par an sur quatre ans.

SFR évoque aussi une baisse de fréquentation des boutiques. Actuellement, 70 % des salariés du réseau de distribution sont au chômage partiel. Mais, en contrepartie, l’entreprise perçoit les aides de l’État !

Négocier

Les partenaires sociaux ont théoriquement jusqu’à début août 2021 pour aboutir à un accord sur le PDV. Cela dit, le bras de fer judiciaire engagé par le CSEC et les organisations syndicales représentatives pourraient repousser cette date (voir encart ci-dessous).

Au cours de la négociation à venir, la CFTC sera particulièrement attentive au respect du volontariat. En effet, le salarié occupant un poste visé par le PDV a certes le choix, théoriquement, entre un départ volontaire et un reclassement dans un poste équivalent. Mais « dans l’organisation “cible”, ce sont des services entiers qui sont supprimés », s’alarme Cécilia Pereira. Certains salariés pourraient donc être déplacés, éventuellement loin de chez eux. C’est l’une des « incitations informelles au départ » que peut pratiquer l’entreprise.

Mais les conditions de départ, similaires à celles de 2017, étant avantageuses, « nous allons surtout nous battre pour ceux qui restent, annonce Francky Tabuteau. Nous allons réclamer une nouvelle garantie de l’emploi sur plusieurs années, une amélioration des conditions de travail et une révision des accords télétravail et de participation ». Les deux actions en justice du CSEC pourraient aider les organisations syndicales à peser sur les négociations.

Laurent Barberon

Le CSEC attaque en justice

Le CSE central de SFR, avec le soutien de la CFTC, a engagé deux actions en justice. La première a pour but d’obliger l’entreprise à remettre à l’expert qu’il a mandaté tous les documents réclamés. Ce que refuse la direction jusqu’ici. La deuxième action est une plainte pour fraude aux accords New Deal et GPEC de 2017. La direction est en effet soupçonnée d’avoir décidé de son changement de stratégie, impliquant des suppressions d’emplois, dès 2020. Et d’avoir omis d’en informer le CSEC du 15 octobre 2020. Ce, alors qu’elle s’était engagée, par les accords New Deal et GPEC de 2017 sur la sécurité de l’emploi jusqu’au 31 décembre 2020. L’avenir dira si les présomptions du CSEC seront confirmées par l’un des documents que l’entreprise refuse de remettre à l’expert.

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