« On était ceux qu’on ne regardait jamais, mais maintenant on a besoin de nousw255», Michaël, éboueur et militant CFTC
6 avril 2020 | Visages du syndicalisme
Mickaël, 38 ans, est éboueur à Caen (14) depuis plus de vingt ans. Ce DS, représentant CSE et CSEC CFTC, investi par sa mission de service public, se réjouit du soutien que manifeste aujourd’hui la population à l’égard de sa corporation.
Votre quotidien a-t-il changé depuis le début de la crise du Covid-19 ?
Oh oui. Les bras d’honneur ou injures ont été remplacés par des dessins laissés sur les poubelles, des applaudissements, lorsque nous passons, des pouces vers le haut. On était ceux qu’on ne regardait jamais, mais maintenant on a besoin de nous.
La population nous remercie, qu’on soit dans des quartiers populaires ou des campagnes plus aisées. Les élus nous remercient également. Le maire de Caen a écrit un gentil message sur Facebook. Ça nous fait vraiment chaud au cœur.
Travaillez-vous dans de bonnes conditions ?
Oui, notre entreprise, Veolia, a tout mis en œuvre pour que nous évoluions dans des conditions de sécurité optimales. On a des petits gants bleus en plus de nos gros gants, des surcombinaisons, des masques, On est protégés, mais on y va quand même la peur au ventre. On peut toujours se faire infecter par un mouchoir qui traîne…
Pourquoi ne pas avoir exercé votre droit de retrait, si vous avez peur ?
Parce que les gens ont besoin de nous ! On doit être là pour la population. Et qu’à partir du moment où les salariés sont protégés il n’y a aucune raison d’exercer son droit de retrait, sinon ça met à mal les autres.
Et puis si on ne fait pas notre travail, ce n’est pas à une crise sanitaire qu’on devra faire face, mais à une crise d’insalubrité majeure, avec les rats dans les rues et les poubelles qui s’amoncellent. J’ai peur, oui. Mais je ne me sens pas assez en danger pour exercer ce droit de retrait.
