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« Nous avons toujours été présents, parfois même sans protection », Ludovic, agent de sécurité

25 mai 2020 | Visages du syndicalisme

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Les professionnels de la sécurité privée ont continué à protéger les salariés et les bâtiments dans les sites restés ouverts. Ludovic Perron, secrétaire général adjoint du syndicat national des employés de la prévention et de la sécurité (SNEPS) CFTC et DS dans une PME, déplore le peu de visibilité et de reconnaissance pour ces salariés.

Dans quel domaine travaillez-vous ?

Je travaille pour une entreprise de sécurité privée tournée vers l’événementiel. C’est une PME de moins de 50 salariés, qui intervient sur tout le département du Rhône.

Comment se déroule le déconfinement ?

L’activité devrait se développer peu à peu, et l’amplitude des horaires de travail va augmenter. Dès avant la date du 11 mai, deux personnes de l’entreprise ont entamé le tour des sites clients afin d’envisager les mesures à mettre en place pour les salariés des sites et pour les agents de sécurité. Les demandes vont évoluer au fil de semaines… On s’adaptera !

Pendant le confinement, le secteur de la sécurité privée a-t-il poursuivi son activité ?

Nous avons toujours été présents, pendant toute la durée de la crise ! Parfois même sans protection ! Des situations que j’ai pu constater pour des collègues d’autres entreprises que la mienne… C’est dommage que notre profession, agent de sécurité privée, ait été si peu mise en avant dans les médias !

Parlez-nous des salariés de votre entreprise de sécurité !

Notre société travaille beaucoup dans l’évènementiel mais les activités de gardiennage de bâtiments et d’accueil des salariés, de sécurité incendie et de secours à la personne n’ont pas cessé. L’ensemble de l’entreprise est donc en activité partielle. Avec la fermeture de certains sites, des salariés sont plus impactés que d’autres mais nous essayons de faire en sorte que les heures soient réparties de façon équitable … Nous sommes quasiment parvenus à occuper tout le monde en formant certains collègues à l’acquisition de nouvelles compétences. Côté salaire, avec un peu de chômage partiel, on a limité les dégâts : en moyenne, les agents de maîtrise et les catégories supérieures ont perdu moins de 100 euros par mois et les agents d’exploitation ont vu leurs salaires presque maintenus.

Dans quelles conditions de travail ?

Les agents doivent s’adapter à des plannings à court terme. Et en ce qui concerne les équipements de protection, notre employeur fournit masques, gants et gel hydroalcoolique.

Et le syndicalisme dans tout ça ?

Depuis le début du confinement, j’ai une téléconférence tous les quinze jours avec mon employeur, le directeur de la PME. Les relations sont assez sereines mais il faut rester vigilant car il y a des tensions économiques qui pourraient avoir des conséquences sur les conditions de travail. Je suis très vigilant aussi sur le sujet des consignes de sécurité : cela change régulièrement et je dois veiller à protéger mes collègues et les salariés de nos clients. En plus de mon activité professionnelle, je passe beaucoup de temps au téléphone avec des militants, des adhérents et des travailleurs. Il faut mettre en confiance des salariés fragilisés. En tant que militant syndical, je considère que je suis là aussi et surtout pour les périodes de crise.

Selon vous, quelles traces cette crise va-t-elle laisser ?

Pour mon entreprise, si l’activité restait à l’arrêt plus longtemps, nous serions en péril. Mais j’ai deux inquiétudes. La reprise mi-mai est certes une bonne chose pour l’activité de l’entreprise, mais aussi une moins bonne chose quant à un risque de 2e vague du virus. En outre, l’inquiétude économique pour l’entreprise persiste à moyen terme car les gros festivals à l’occasion desquels nous intervenons habituellement sont annulés.
Plus largement, la sécurité privée en France, qui emploie environ 170 000 personnes, va subir des pertes.

Propos recueillis par Stéphanie Baranger

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