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Chez Louis Vuitton, la négociation comme pari gagnant

25 mars 2022 | Social

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La grève n’est pas toujours la réponse appropriée. C’est ce qu’a prouvé Jean-Noël Chabot, délégué syndical central CFTC des ateliers Louis Vuitton. En pleine négociation d’un nouveau projet d’accord, la CFTC a privilégié le dialogue social au débrayage. Pari gagnant !

Louis Vuitton : la négociation comme pari gagnant

Le 14 février dernier, la direction de Louis Vuitton signait avec le syndicat CFTC, en la personne de Jean-Noël Chabot, délégué syndical central et majoritaire à 59 %, un projet d’accord portant sur l’organisation du temps de travail au sein des ateliers de maroquinerie de la marque de luxe.

Toutefois, les négociations du « projet Tetra », nom officiel donné par la direction, n’auront pas été sans rebondissements [des débrayages ont été observés dans cinq des dix-huit usines de la marque, à Asnières (Haut-de-Seine), Saint-Donat-sur-l’Herbasse (Drôme), Sarras (Ardèche), Condé (Indre) et Issoudun (Indre), Ndlr].

Au cœur de la discorde pendant les négociations, une proposition retient l’attention : l’annualisation du temps de travail qui, pour les autres syndicats représentatifs du personnel (CFDT et CGT), conduirait à une annualisation des heures supplémentaires, à savoir au paiement des heures supplémentaires en fin d’année.

L'annualisation du temps de travail : qu'est-ce que c'est ?

Avec l’annualisation du temps de travail, l’employeur a la possibilité de répartir les heures de travail de ses salariés sur une période de douze mois. Le contrat de travail annualisé met alors en place des horaires irréguliers pour les salariés, adaptés au rythme d’activité de l’entreprise.

Les heures supplémentaires sont décomptées à l’issue de la période de l’annualisation appliquée dans l’entreprise. Si la période de référence est annuelle, seules les heures effectuées au-delà de 1 607 heures sont des heures supplémentaires. Les heures accomplies en période de basse activité se compensent avec celles effectuées en période de haute activité.

« Il faut savoir que la proposition, par la direction, d’annualiser le temps de travail est quelque chose de nouveau au sein du groupe », précise Jean Noël Chabot. Pour le délégué syndical central, l’annualisation du temps de travail accorderait à la société des ateliers Louis Vuitton, dont l’activité ne cesse de progresser, une meilleure flexibilité et réactivité de production. Le groupe LVMH affiche en effet une très bonne santé financière avec, en 2021, 64 milliards de chiffre d’affaires. Ce résultat aurait d’ailleurs en partie motivé la mobilisation.

Mais face aux appels à la grève initiés par d’autres syndicats, La CFTC, elle, est restée à la table des négociations. Si le débrayage et la grève sont parfois des outils de pression utiles, il arrive aussi souvent que leur usage puisse desservir la cause menée. C’est ce que nous confie Jean-Noël :

« Pendant les négociations, nous sommes restés dans le dialogue social, dans la discussion, dans l’échange avec la direction »

Soutenu par sa fédération, Jean-Noël ne voyait donc aucune raison d’appeler à la grève, le risque de voir les négociations capotées étant trop grand.

Négociation chez Louis Vuitton : peut-on parler d’un pari gagnant ?

Avant les négociations, l’organisation du travail reposait sur un système de 36h30 de travail hebdomadaire accompagné de 9 jours de réduction du temps de travail (JRTT) annuels. Au-delà de ce temps de travail hebdomadaire, il s’agissait d’heures supplémentaires obligatoires majorées à 25 %

Suite à l’accord « Tetra » et aux négociations, l’organisation du travail repose désormais sur un système de 1 500 heures/an ou 200 jours/an, avec des semaines dites « hautes », à savoir jamais plus de 37h30 de travail hebdomadaire, et des semaines dites « basses » pour les équipes du matin et les équipes de l’après-midi et la possibilité, pour l’employeur, de positionner jusqu’à 19 jours supplémentaires/an majorés.

Fait notable : les 9 JRTT, au préalable conditionnés aux heures supplémentaires, ont été transformés en 9 jours non travaillés (JNT) rémunérés, octroyés à l’année dès 1 500 heures pour un salarié temps plein. Une avancée dont la CFTC se félicite.

Questionné sur les salaires, Jean Noël Chabot précise qu’il y a bien eu un ajout supplémentaire au salaire de base à hauteur de 100 euros pour l’ensemble du personnel, plus 50 euros d’augmentation individuelle pour 95 % des salariés.

« Il était également hors de question pour la CFTC de toucher à la majoration des heures supplémentaires obligatoires ou à l’organisation du temps de travail des équipes, comme le souhaitait la direction », insiste Jean Noël, qui a gardé contact avec les salariés des autres sites de production français pendant les négociations par le biais des délégués syndicaux afin de sonder le pouls aux phases finales des négociations.

« In fine, ces avantages particuliers obtenus après six mois de négociations ne sont pas négligeables, il s’agit même là de bénéfices exceptionnels pour les salariés », déclare le délégué syndical central. « L’important, face à un projet d’accord comme celui-ci, est que l’entreprise reste ouverte au dialogue social et à la négociation ».

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