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Covid-19. « La direction a saisi l’intérêt d’une relance négociée de l’activité », Olivier, animateur d’équipe chez Toyota

24 avril 2020 | Social

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« Team leader » (animateur d’équipe) chez Toyota, à Onnaing (59), et secrétaire de section syndicale CFTC Toyota, Olivier Brabant nous parle de l'implication des représentants du personnel pour accompagner la reprise de l'activité du site.

Nous assistons à la très médiatique réouverture du site nordiste de Toyota… Comment s’est passée cette première journée ?

Plusieurs journalistes étaient en effet présents le 21 avril, quand nous avons rouvert nos portes. Il s’agit de la première usine de construction automobile à redémarrer son activité en France ; c’est assez emblématique pour que nous soyons placés sous les projecteurs. Certains salariés présents n’étaient pas mécontents de reprendre une activité après cinq semaines hors normes de confinement… Mais apprécier de revenir au travail est une chose ; s’y sentir bien en est une autre ! Nous avions alerté la direction sur ce point, sur la nécessité pour elle de communiquer. Aussi la moitié de la journée a-t-elle consisté en une information des salariés sur toutes les dispositions prises pour assurer leur sécurité.

En quoi ces mesures consistent-elles ? Les organisations syndicales ont-elles participé à leur élaboration ?

La relance de l’activité a été préparée par de longues discussions conjointes ; la CSSCT (commission de santé, sécurité, conditions de travail) se réunit tous les jours depuis plus d’une semaine avec la direction. Celle-ci s’est montrée ouverte, a saisi tout l’intérêt d’une relance négociée de l’activité. Pour la CFTC, la mise en place d’un protocole sanitaire strict était une condition préalable à la réouverture du site. Donc tous les process ont été analysés pour repenser l’organisation des postes de travail dans le respect de la distanciation. Quand ce n’était pas possible, de multiples contre-mesures ont été et continuent d’être envisagées, puis mises en place : des visières, fabriquées sur imprimante 3D, ont été placées entre les postes, par exemple. La direction a fourni deux masques pour chaque salarié ; celui-ci est tenu de les porter. De même, chaque salarié se voit doté d’un flacon de gel hydro-alcoolique, en plus de celui distribué au préalable. Les déplacements au sein du site ont été étudiés, pour éviter les regroupements. Une signalétique a été mise en place à l’aide de rubans adhésifs pour que chacun ait les repères utiles. L’accès au restaurant d’entreprise comme aux micro-ondes étant jugé trop dangereux, les salariés sont tenus d’apporter un repas froid.

Cette reprise s’effectue à effectif restreint ?

Oui, la relance d’activité s’opère avec environ 1 200 salariés, contre les 4 600 que le site compte habituellement. Cette équipe est divisée en trois ; chaque tiers va travailler deux jours, entre 7 h et 14 h50, et être relayé par le tiers suivant. En parallèle de cette organisation alternée de travail, nous menons évidemment des négociations salariales. Ne serait-ce que pour confirmer le maintien de revenus pour les salariés payés en heures, ceux qui travaillent d’habitude en équipe de nuit et en poste le matin ou l’après-midi, et qui se retrouvent en horaires de jour. Ils se verront bien conserver leurs primes.

Quels sont les autres termes de cet accord ?

Il y a un pan inédit qui concerne la possibilité de couvrir les pertes de salaires dues au chômage partiel. Un fonds de solidarité a été créé. Il repose sur le principe du volontariat. Chacun peut l’abonder (d’une journée de congé payé à six, selon la fonction hiérarchique du donateur et ses déplacements éventuels sur site). Si l’ensemble des salariés y adhère, toutes les pertes seront couvertes. Dans cet accord, il est aussi question d’une prime panier puisque les salariés apportent leur repas et d’une prime pour ceux qui ont dû se rendre sur le site avant la mise en place du protocole sanitaire. Le fonds de solidarité et l’accord sont sur le point d’être signés. La direction nous a présenté le nouveau véhicule qui sera construit en 2021, la Yaris Cross. Évidemment, notre mission ne s’arrête pas là. Notre priorité est aussi de veiller au maintien d’un climat social serein au sein du site. Nous y sommes plus vigilants que jamais.

Lire le communiqué de la fédération CFTC Métallurgie :  Nous devons privilégier avant tout la santé des salariés et de leur famille

 

Propos recueillis par Maud Vaillant

Crédit photo : Gazouya-japan / Wikimédia commons
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