La CES réunie pour concrétiser la promesse d’une Europe sociale
28 octobre 2020 | Social
EUROPE – La CES (confédération européenne des syndicats) représente les principales organisations syndicales nationales auprès des institutions de l’Union européenne.
La voix de la CFTC y est portée par son président, Cyril Chabanier, qui participe à ce titre au comité exécutif des 28 et 29 octobre. Alors que la crise se fait durement sentir dans tous les pays d’Europe, les enjeux sont particulièrement importants pour les travailleurs.
Créée en 1973, la CES se donne pour objectif de “faire en sorte que l’UE ne se limite pas seulement à un marché unique pour les biens et les services mais qu’elle favorise également l’Europe sociale, au sein de laquelle l’amélioration du bien-être des travailleurs et de leurs familles est une priorité tout aussi importante.” Seule organisation syndicale interprofessionnelle reconnue représentative par les institutions de l’Union européenne, elle défend cet objectif sur la base d’un manifeste élaboré à chaque congrès par ses membres (l’équivalent de la motion d’orientation de la CFTC). En dehors des congrès se tiennent des instances qui permettent d’actualiser les positions communes et de suivre les affaires en cours. C’est le cas du comité exécutif qui se tient les 28 et 29 octobre. Le plan de relance européen occupe une partie de l’ordre du jour.
L’Union européenne, une institution attendue au tournant
Partout en Europe, les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire se font durement sentir. C’est d’ailleurs avec une grande satisfaction, pour ne pas dire un grand soulagement, que la CFTC a accueilli la nouvelle d’un plan de relance européen, décidé en juillet par les dirigeants de l’Union européenne. Il est temps, en effet, que l’Europe démontre sa capacité à avancer, unie, au-delà des strictes limites du marché commun. Il en va de la crédibilité même du projet européen aux yeux de ses 448 millions de citoyens.
Mais, seulement trois mois plus tard, ce plan se voit déjà retardé, au motif que Conseil et Parlement européens peinent à s’accorder sur les chiffres. Sachant que dans un second temps, le plan de relance européen devra être ratifié par les Etats membres, les fonds ne pourront vraisemblablement pas être versés avant le mois de juin, selon Luca Visentini, secrétaire général de la CES. Pour la CFTC, il est inimaginable que ce plan, si nécessaire (certains plans nationaux y sont indexés), puisse se transformer en symbole d’une incapacité à se saisir des questions essentielles avec toute la réactivité attendue. Tout doit être mis en œuvre pour surmonter les blocages ! Ce rendez-vous avec les peuples ne peut pas être manqué, d’autant plus que de bonnes idées relatives à la relance ont été énoncées à Bruxelles.
Aller plus loin : L’Union européenne, comment ça marche ? (Sur le Figaro Grand angle)
S’appuyer sur l’UE pour conditionner les plans de relance nationaux
La CFTC ne saurait renier à l’échelle européenne des demandes qu’elle a martelées à l’échelle nationale : ainsi elle se réjouit que le Conseil européen, en juillet dernier, puis la Commission européenne dans son sillage, aient proposé des critères permettant de définir des contreparties aux différentes aides accordées dans le cadre des plans de relance nationaux (en termes d’objectifs environnementaux, notamment).
Pour la CFTC, en effet, les aides publiques versées aux entreprises doivent engager ces dernières. L’argent public doit servir le Bien commun, c’est-à-dire viser à pérenniser les emplois, à investir dans l’appareil productif, à former les salariés. En des temps qui appellent à davantage de solidarité, les abus et détournements d’aides devront être repérables, et le cas échéant sanctionnables. Ainsi, la CFTC plaide pour un encadrement plus strict des versements de dividendes pour les entreprises bénéficiant d’aides de l’Etat, qu’elles soient directes ou indirectes. Elle plaide aussi pour que les sommes habituellement dévolues aux actionnaires soient allouées à la formation professionnelle, au-delà des minima légaux.
Une opportunité pour concrétiser la promesse européenne
C’est que la crise peut (aussi) constituer, si nous le voulons, une opportunité pour avancer plus vite et concrétiser une construction européenne à la hauteur de sa promesse fondatrice : une Europe de paix, protectrice, porteuse de valeurs et forte d’un modèle social commun. Pour cette raison, la CFTC réaffirme, à l’unisson des organisations membres de la CES, la nécessité de renforcer dans toute l’UE les droits des travailleurs, mais aussi le dialogue social. La mise en place d’un salaire minimum européen, et la convergence, vers le haut, des niveaux de vie, demeurent des objectifs crédibles, nécessaires, et désirables. C’est à ce prix que la promesse de l’Union retrouvera ses couleurs.
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