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« Je suis fier de ma section », Abdul, salarié chez Elior entreprise et militant CFTC

20 mai 2020 | Social

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Abdul Cissé est second de cuisine chez Elior entreprise. DSC dans cette société de restauration collective, il a « profité » du confinement pour remplir son rôle syndical : un rôle épuisant, mais indispensable.

Avez-vous travaillé pendant ce confinement ?

Oui et non. Non, je n’étais pas en cuisine, mais oui, j’ai travaillé à temps plein en ma qualité de DSC Elior. Je dois avouer que cette période a commencé douloureusement. D’abord parce qu’être mis « à l’arrêt » professionnellement du jour au lendemain est compliqué à gérer, et ensuite parce que la première semaine a été extrêmement stressante. Les collègues, angoissés par la maladie et la situation, se sont posés énormément de questions relatives au salaire, au chômage, à l’avenir de la boîte… Il a fallu les rassurer et y répondre rapidement ; enfin j’essayais, la direction aussi. Mais certaines relevaient de décrets, qu’il fallait attendre… Alors il m’est arrivé de me coucher sans avoir pu donner de réponses… J’avais le sentiment d’être inutile. Je n’ai pas passé de très bonnes nuits. Cette première semaine de confinement a été la pire de ma vie syndicale. Je n’ai jamais autant travaillé.

Les choses se sont-elles normalisées ensuite ?

Oui, d’autant qu’au niveau personnel, ça s’est apaisé aussi. Il a fallu apprendre à cohabiter à la maison. L’équipe CFTC a été extraordinaire, on s’est tous beaucoup soutenus. Des DS n’hésitaient pas à répondre aux questions le soir tard ou le week-end. Nous étions soudés et bien en place. Je suis fier de ma section. Je ne peux pas en dire autant de toutes les OS ! Et je pense que cette expérience qui nous a ouverts aux nouvelles technologies (conf-call, réseaux sociaux…) doit nous servir à surfer sur ces nouveaux modes de communication pour développer le syndicalisme du futur.

Vous travaillez dans une entreprise de restauration collective. A-t-elle cessé son activité complètement ?

Non. Outre la restauration assurée dans le domaine de la santé et dans les prisons, qui a fonctionné à 100 %, Elior assure le ravitaillement de cantines scolaires et la branche entreprise fonctionne dans les sociétés comme restaurant d’entreprise. Cette branche-là a continué de tourner à 5 % environ, à La poste, dans les préfectures, la police. Pour tous ceux qui continuaient à travailler, il a fallu mettre en place des mesures de protection. Les casques, les masques et les gants ? C’était déjà d’actualité avant le Covid dans la restauration. Non, ce qui a été compliqué à instaurer, c’est la distanciation sociale. Que dans les cuisines ou les labos, les personnes soient espacées. Nous avons aussi mis en place l’individualisation du matériel : chaque cuisinier sort le sien le matin pour la journée, et personne d’autre ne l’utilise. Il a fallu ventiler les arrivées sur le lieu de travail aussi, et déployer du personnel en salle : les tables sont désormais à la distance d’un mètre, et elles sont désinfectées entre deux utilisateurs.

Le déconfinement signe-t-il le retour de tous au travail ?

Non. Nous sommes complètement tributaires de nos clients, qui eux-mêmes continuent en grande majorité à fonctionner avec le télétravail. Aujourd’hui, l’activité tourne autour de 15 %. Ça devrait augmenter au fur et à mesure. Mais on a peur de la suite : même si notre entreprise a les épaules solides, nous n’avons aucune visibilité sur l’avenir. Ce dernier dépend de nos clients, qui eux-mêmes pourraient procéder à des licenciements et réduire notre activité. J’ai peur d’un PSE à long terme chez nous et d’un durcissement des règles sociales de la direction. Mais je garde espoir.

 

Crédit photographique : Romain DEL BUONO / Pixabay
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