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Édito. Pour une agriculture responsable, durable et intelligemment protégée!

5 février 2024 | ÉvènementSocial

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Dans les débats qui visent à rendre compte des ressorts de la crise agricole française comme européenne, j’entrevois deux écueils sur lesquels les idéologues de tous poils ne manquent pas de s’échouer. Le premier de ces écueils est écologique. La tentation est grande, chez certains, de profiter de la crise pour tordre le cou à l’urgence environnementale. Il faudrait alors en finir avec toutes ces normes et produire ici comme on produit à l’autre bout du monde, libre de toutes contraintes ou presque.

Si certaines de ces normes peuvent paraître absurdes et mériteraient d’être toilettées, d’autres doivent au contraire être préservées, parce qu’elles nous protègent ! Elles protègent la santé des consommateurs, des agriculteurs et de leurs salariés. Elles protègent la santé des sols, dont la fertilité conditionne à terme notre capacité collective à ne pas dépendre de l’ailleurs pour la chose la plus naturelle et nécessaire qui soit : se nourrir. La CFTC fait donc le pari d’une agriculture responsable et durable sur le plan environnemental mais aussi social, pour que chacun puisse vivre dignement de son travail. Au même titre que notre industrie, notre modèle agricole doit s’adapter, les métiers de l’agriculture évoluer. Ce temps de l’adaptation est un temps long. C’est le temps du dialogue social, sans lequel les principaux acteurs se crispent et rejettent, par principe, toutes mesures, même quand elles servent leurs intérêts sur le long terme.

Le second écueil touche à la remise en cause du commerce international, suspecté de tous les maux. Il suffirait d’acter un repli sur nous même, à l’échelle française et/ou européenne, pour que toutes les bouches soient pleines à l’avenir de bons produits « made in local ». On peut privilégier le « consommer local et de saison », sans priver nos concitoyens de produits exotiques cultivables, sous d’autres climats. Des produits qui intègrent toute la filière de transformation alimentaire qui, par ailleurs, crée beaucoup d’emplois. Un retour au protectionnisme brutal produirait des mesures de rétorsion, au-delà du seul secteur agricole, à l’issue desquelles la France comme l’Europe pourraient ne pas sortir gagnantes.

La CFTC fait ici le pari d’un protectionnisme subtil, intelligent. On doit pouvoir commercer avec le reste du monde, signer des accords en privilégiant l’Europe quand c’est possible, en négociant des « clauses miroir » pour des denrées préalablement définies comme stratégiques. Idem pour les marchés publics, qui devraient pouvoir privilégier les produits locaux pour achalander nos cantines scolaires, sans trahir le sacro-saint principe de concurrence libre et non faussée. Un principe qui n’est plus guère respecté sinon par nous et souvent avec un peu trop de zèle !    

Cyril Chabanier, président de la CFTC

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