« La famille est au cœur de nos préoccupations », Isabelle Sancerni, présidente de la CNAF
11 janvier 2018 | Social
Isabelle Sancerni succède à Jean-Louis Deroussen à la tête de la CNAF
Isabelle Sancerni, représentante de la CFTC, a été élue, à l’unanimité, présidente du Conseil d’administration de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf), ce jeudi 11 janvier 2018. Elle succède ainsi à Jean-Louis Deroussen, lui aussi CFTC, qui achevait son dernier mandat. A cette occasion, nous les avons rencontrés, pour un entretien croisé.
En quoi consiste le rôle de président de la Cnaf ?
Jean-Louis Deroussen : La première de mes missions est d’arrêter avec le conseil d’administration (CA) les grandes orientations politiques de l’organisme puis de confier au directeur le soin de les mettre en œuvre. À côté de ce rôle d’animation, j’assure les relations avec nos deux tutelles : le ministère des Affaires sociales et celui des Comptes publics. Il y a aussi une part importante de représentation, en tant qu’ambassadeur de l’organisme dans différentes institutions nationales et internationales. Enfin, j’anime le réseau des 101 caisses d’allocations familiales et me déplace régulièrement pour rencontrer les conseils locaux, inaugurer une structure ou débattre avec les administrateurs locaux.
Quels sont les temps forts qui ont marqué vos onze ans de présidence ?
J.-L. D. : Pour mon premier mandat, il s’agit incontestablement de la réorganisation du réseau. Nous avons décidé en 2007 qu’une seule CAF serait présente par département. Ce principe a été partagé positivement avec les CAF de certains départements, et il s’est avéré plus laborieux de le mettre en oeuvre dans d’autres. Le plus difficile a été le Nord où l’on comptait huit Caf donc huit fichiers d’allocataires pour le département. Il a fallu beaucoup de travail et un temps d’adaptation, pour passer de huit à une seule caisse. Le deuxième mandat a été davantage consacré à l’accueil de l’allocataire.
L’objectif était de changer l’image de la CAF et les interminables queues aux guichets. Nous avons donc réorganisé l’accueil dans nos caisses. Désormais, l’accueil sur rendez-vous est de mise et les allocataires sont reçus en moyenne dans un délai de soixante-douze heures. L’entretien devient, au-delà de la question initiale de l’allocataire, un rendez-vous de suivi de l’ensemble de son dossier. Grâce à ce chantier, nous sommes en voie d’aboutir à une relation plus privilégiée avec l’allocataire. Nous allons même jusqu’à provoquer ces échanges via les rendez-vous des droits. L’idée, cette fois, est d’identifier les familles en situation difficile qui font peu ou mal valoir leurs droits et de leur proposer, plus qu’une prestation financière, un accompagnement social. Nous visions un objectif de 100 000 rendez-vous des droits, nous en avons finalement réalisé 270 000 en 2016. C’est dire l’importance du dispositif et son succès !
Quels conseils donnez-vous à Isabelle Sancerni ?
J.-L. D. : Il est très important de maintenir de bonnes relations avec l’ensemble du réseau. Cela demande du temps et de l’écoute car il faut partager les difficultés des différents interlocuteurs afin d’arriver ensemble à des pistes de solutions. Idem avec le CA : les administrateurs représentent diverses organisations syndicales, patronales et familiales, dont ils expriment les positions variées. La présidence de la Cnaf doit veiller à trouver des consensus.
Madame Sancerni, quel sera votre place dans la convention d’objectifs et de gestion (la COG) 2018-2022 en cours de finalisation ?
Isabelle Sancerni : La COG donne les grandes orientations de l’action des caisses d’allocations familiales. La branche Famille de la sécurité sociale a pour vocation de compenser, certes partiellement, la charge liée à la présence d’enfants au sein d’un foyer. Ce faisant, elle doit aider toutes les familles à accueillir le nombre d’enfants qu’elles désirent. Notre prochaine COG doit permettre de répondre à cet objectif. Elle doit aussi favoriser l’accueil du jeune enfant afin de pouvoir l’insérer dans le tissu social et accompagner son évolution. Enfin, je souhaite décliner les orientations stratégiques « jeunesse » votées à l’unanimité au CA et poursuivre les actions sur la parentalité (congé parental, pensions alimentaires, accompagnement à la scolarité, lieu d’accueil enfant/parents…), qui répondent à de réels besoins.
Que retenez-vous particulièrement du travail de Jean-Louis Deroussen ?
I. S. : J’admire son engagement auprès du réseau des CAF, qui lui permet d’être à l’écoute des attentes et des besoins. Aussi bien des administrateurs que les partenaires nous le disent. D’ailleurs, lors de la rencontre des présidents de CAF qui s’est déroulée le 30 novembre dernier, Jean-Louis Deroussen a reçu une double ovation de l’assistance. Signe que son implication est appréciée.
En quoi votre appartenance à la CFTC impacte-t-elle votre mandat ?
J.-L. D. : Face aux familles, porter voire incarner les valeurs de la CFTC prend tout son sens. Il est important aussi que nos militants sachent que si l’un de leurs adhérents est en difficulté, ils peuvent l’orienter vers la CAF et nos administrateurs. Car nous oeuvrons aussi pour rendre la vie plus facile.
I. S. : Comme à la CFTC, l’action de la Cnaf repose sur le principe de la subsidiarité. Nous donnons les moyens aux familles d’agir, nous ne sommes pas là pour faire à leur place. Par ailleurs, la CFTC met la personne au centre de ses préoccupations, pour la Cnaf, la famille est au coeur de nos actions. Les deux se rejoignent par fai tement et nous donnent l’occasion de vivre pleinement nos deux engagements.
À quels défis doivent faire face les CAF ?
J.-L. D. : Dans une société qui évolue beaucoup et vite, il devient important de trouver derrière le numérique un visage humain. Notre défi majeur reste le développement et la qualité des services aux allocataires.
I. S. : Cette année, la branche Famille a été pour la première fois à l’équilibre. Un excédent est annoncé pour 2018. Cet excédent est prévu non pas pour être redistribué aux familles, mais pour venir diminuer le déficit global de la sécurité sociale. Ce qui ne nous satisfait pas du tout. Autre défi : l’accès aux droits pour tous. L’objectif : rendre les droits lisibles et en faciliter l’accès, notamment pour les personnes fragilisées ou en situation de handicap, afin que les prestations soient accessibles à tous. En d’autres termes, chacun doit être accueilli en fonction de ses particularités : rendez-vous par téléphone ou vidéo pour les personnes malentendantes ou ne pouvant pas se déplacer…