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« Cette crise met en exergue les problèmes », Caroline, assistante maternelle et militante CFTC

1 avril 2020 | Visages du syndicalisme

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Caroline est assistante maternelle depuis 2007. « En pause » depuis 2013, elle est chargée de mission et référente nationale de cette profession à la CFTC. Elle dresse un état des lieux angoissé et angoissant de la période actuelle.

Quelle est la situation des assistantes maternelles pendant cette crise du Covid-19 ?

Elles sont extrêmement angoissées et tous les jours, j’ai des signalements d’« ass mat » infectées par le Covid. Il faut rappeler qu’elles ne disposent d’aucune protection et que même si elles respectent les gestes barrière, il est compliqué de refuser un câlin à un enfant. Mais globalement, même en recevant les enfants chez elles quitte à infecter toute leur famille, elles continuent de travailler pour ne pas perdre leur emploi, parce qu’à la peur d’être infecté s’ajoute la peur de ne plus être payé.

Votre mission de référente vous permet de témoigner de la complexité de la situation, notamment dans les rapports des « ass mat » avec leurs employeurs…

Beaucoup vivent des situations compliquées. Elles subissent parfois des décisions brutales : certains d’entre eux n’hésitent pas à faire une rupture de contrat au titre du droit de retrait, avec le licenciement simplifié inhérent à cette profession. Et à leur dire que quand tout ira mieux, ils les réembaucheront. D’autres employeurs ne connaissent pas les textes et ne savent pas comment rémunérer. Maintien de salaire ? Chômage partiel ? Pour les assistantes maternelles qui sont au chômage partiel, normalement 80 % du salaire est versé. Mais le reste dépend du bon vouloir de l’employeur. Elles y sont donc totalement soumises.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur vos consœurs ?

Elles sont extrêmement courageuses, voire solidaires. J’ai des exemples de collègues, sans enfant ni famille, qui se sont portées volontaires pour accueillir les enfants des personnels soignants. D’autres se déplacent pour aller chercher et ramener les enfants des familles dont l’emploi est indispensable (maman solo caissière, ou aide à domicile…). Mais la charge mentale qui pèse sur elles ‒ les câlins et bisous des enfants, ne pas savoir si et combien elles seront rémunérées… ‒ est très lourde et elles sont épuisées nerveusement.

Comment les aidez-vous à vivre cette période ?

En tant que référente, j’essaie, autant que faire se peut, de répondre à leurs nombreuses questions. Mais c’est très compliqué, et le flou des quinze jours qui ont précédé la publication des décrets n’a pas aidé. Sans oublier le manque de communication et de positionnement des services de PMI, dont dépendent les assistantes maternelles… Tout ceci est extrêmement anxiogène. Hélas, cette crise ne fait que mettre en exergue les problèmes auxquels nous nous heurtons depuis toujours. Mais les assistantes maternelles ont toujours fait front et elles continuent.

 

Crédit photographique : Pixbay / Tookapic
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