Aurélie Lefevre, aide-soignante en Ehpad public, témoigne
13 mars 2020 | Social
Aurélie Lefèvre est aide-soignante et représentante syndicale CFTC dans un Ehpad public des Hauts-de-Seine (92). Elle témoigne des conditions de travail du personnel en cette période de coronavirus. Pour l’heure, les soignants font face.
Les visites sont interdites dans les Ehpad. Comment fait-on face à la situation dans votre établissement ?
Nos patients ne peuvent plus avoir de visites. Mais les familles sont toujours reçues à l’accueil. Nous ne les laissons pas seules.
L’interdiction des visites a-t-elle des répercussions sur la charge de travail ?
Non, parce que de toute façon, nous n’avons pas l’habitude de laisser les familles prodiguer des soins à nos patients. Quand nous avons des toilettes à faire, nous leur demandons de sortir.
Est-ce que vous êtes inquiète pour votre propre santé et celle de vos collègues ?
Non, je ne suis pas inquiète. Il n’y a pas tellement plus de risque au travail que dans les transports, même si personnellement, je viens en voiture.
Le personnel soignant dispose-t-il des équipements nécessaires à sa sécurité?
Nous utilisons des masques, des gants et du gel hydroalcoolique. De plus nous avons arrêté les visites et adopté une nouvelle organisation.
Maintenant que les enfants doivent rester à la maison, pensez-vous qu’il y a aura suffisamment de personnel pour faire le travail ?
Je pense, oui, car nous ne sommes pas nombreuses à avoir des enfants. En ce qui me concerne, j’ai un fils de 17 ans, qui peut se débrouiller tout seul.
Savez-vous déjà si des mesures sont prises par votre direction, comme de faire appel à des retraités ou des étudiants ?
Non, pas encore, nous n’avons pas entendu parler de telles mesures.
Est-ce que les représentants du personnel se sont réunis au sujet du coronavirus ?
Nous fonctionnons avec un CTE [comité technique d’établissement, ndlr] et un CHSCT, puisque nous faisons partie de la fonction publique hospitalière. Le CHSCT a demandé une réunion extraordinaire pour évoquer le coronavirus mais elle a été refusée parce que la situation change tous les jours. Et puis nous évitons de multiplier les réunions, qui ne sont pas recommandées en cette période.
Propos recueillis par Laurent Barberon