« Nous avons signé un accord express pour faire face », Florent, ingénieur Airbus et DSC CFTC
24 mars 2020 | Social
Florent Veletchy est Ingénieur aéronautique, Délégué syndical central CFTC Airbus Avion, et secrétaire général du syndicat CFTC Airbus Toulouse
Comment le groupe Airbus fait-il face à la crise sanitaire actuellement ?
La semaine dernière, à la suite de l’annonce de confinement, toutes nos activités ont été stoppées et la direction a demandé aux membres du personnel de rentrer chez eux. Ceux dont la situation le justifiait ont été mis en télétravail, les autres en RTT. Mais, ce lundi 23, 10 % des effectifs devaient revenir sur le site. Nous étions opposés à cette décision, mais nous n’avons pas eu gain de cause. Alors nous avons fait face. Nous avons dépêché des personnes sur place pour nous assurer que les conditions sanitaires exigées légalement étaient respectées. C’était l’urgence. En parallèle, nous avons pensé aux personnes qui ne reprenaient pas leur poste, sans possibilité de télétravail. Les opérateurs sur avion par exemple…
Pour elles justement, les représentants du personnel ont signé avec la direction un accord spécifique. Que contient-il ?
Oui ! Frédéric Romain a signé au nom de la CFTC un accord « express » pour l’ensemble du périmètre Airbus en France, « pour la récupération des heures et jours perdus ». Le principe est simple : permettre aux effectifs qui ne travaillent pas actuellement de rattraper leurs heures perdues sitôt la crise terminée, au moment de la reprise totale d’activité, sans incidence sur leurs salaires. Ainsi ces effectifs ne sont pas en chômage partiel. Pour la majorité des personnes, le chômage partiel équivaut à une perte de revenus de 15 % net. Chez Airbus, c’est complètement différent : les salaires incluent des primes de travail de nuit, aux « trois huit » ou le week-end. Pour certains, cette perte s’élèverait à plus de 35 % du salaire ! Cet accord est valable pour la semaine… Il a vocation à être évidemment amendé si le confinement est prolongé. En attendant, il semble inspirer d’autres grands groupes et petites structures confrontés à la même problématique pour leurs salariés !
Le confinement ne semble pas affecter le militantisme CFTC…
Au contraire, en cette situation exceptionnelle où la question de la santé des salariés se pose de manière aiguë, c’est plus que jamais le moment d’œuvrer pour eux ! À la CFTC, nous avions déjà l’habitude d’opérer des discussions entre nous par visioconférence et partage de documents ; nous avons simplement changé de niveau ! Le bien-être des salariés peut se penser à distance. Nous avons conçu des e-tracts pour informer les adhérents et salariés des dernières mesures sur notre site, cftcairbus.fr. Le dernier, nous l’avons conçu ce week-end pour expliquer l’accord. Nous doublons ces posts d’un SMS à nos adhérents. Sur ces e-tracts, nous avons déjà rappelé les cas de figure existants (salariés en télétravail, en garde d’enfant de moins de 16 ans…) avec des liens utiles (Ameli, attestation de déplacement…). Nous allons étoffer cette partie pour en faire un véritable document d’information le plus précis possible : cas des stagiaires, des salariés ayant un proche avec une pathologie à risque…
Veiller à l’information de l’ensemble des salariés, c’est la première des solidarités ?
À l’information bien sûr, mais pas que. Nous nous faisons beaucoup de souci pour les personnes isolées, confinées sans leur famille, sans leurs proches et amis, et pour lesquelles se rendre au travail constituait un puissant vecteur de sociabilité. Pour les personnes disposant de peu de moyens informatiques aussi. Notre cheval de bataille est d’apporter le plus loin possible le message suivant : les représentants CFTC sont disponibles pour vous. Aujourd’hui, les adhérents CFTC ont au moins le numéro d’un mandaté CFTC. Mais pour les autres ? Une « hotline » peut-être ? Nous réfléchissons encore, mais une chose est sûre, l’isolement est un danger. Finalement être représentant CFTC en ce moment, c’est passer beaucoup de temps au téléphone !