« C’est important en temps de crise, de rester soudés », Bruno, agent de maîtrise dans l’industrie chimique
23 mars 2020 | Visages du syndicalisme
Bruno, 54 ans, est agent de maîtrise dans l’industrie chimique à Marseille (13). Foncièrement positif, cet ancien DS CFTC pendant dix ans au sein de son entreprise de cœur Cerexagri, continue à aller travailler avec plaisir, en toute sécurité, mais avec la solidarité en étendard.
Quelles mesures ont été prises au sein de votre entreprise depuis l’arrivée du Covid-19 ?
Je travaille dans l’industrie chimique, nous fabriquons des produits phytosanitaires pour l’agriculture bio. Donc nous sommes déjà fort équipés de masques et gants. Les gestes barrières ont néanmoins été renforcés : nettoyage à l’alcool des claviers, souris, poignées, robinets… Désinfection au chlore des douches avant de se laver et après pour le suivant. Des mesures sensées au regard de la situation. Chacun peut exercer librement son droit de retrait. Mais nous sommes quand même 80 % des effectifs à continuer à venir sur le site.
À quelles difficultés êtes-vous confronté au quotidien ?
Le plus difficile est de se passer de la bise ou de la poignée de main en croisant les collègues (rires). Pas de gros problème relationnel, sinon, en tant que manager, rassurer les éventuels inquiets. On dédramatise. Tout le monde est libre de ne pas venir. Moi je fais le choix de continuer pour mes équipiers ; et parce que c’est important en temps de crise, de rester soudés. Je pense à la suite, à sauver éventuellement l’entreprise et les emplois qui y sont liés. En outre, notre travail intègre la chaîne alimentaire, si nous ne produisons pas, il n’y aura pas de cerises, fraises ou tomates… Et puis tout se passe dans des conditions de sécurité optimales mises en place par la direction. L’entreprise a bien compris qu’elle avait tout à gagner, humainement et financièrement, à les mettre en place ; une entreprise qui fait attention à ses salariés est une entreprise qui se porte bien.
Avez-vous noté des gestes de solidarité ?
Ce n’est pas un geste de solidarité, mais plus le reflet d’un état d’esprit ; j’ai signé une rupture conventionnelle pour quitter l’entreprise le 31 mars. Face à la baisse d’effectifs, la direction m’a demandé de rester un mois de plus. J’ai accepté avec plaisir. Je rends à mon entreprise tout ce qu’elle m’a apporté : elle m’a construit. Il faut bien avoir conscience qu’on vit un moment exceptionnel, bien plus fort encore que Charlie Hebdo. On était quatre millions dans les rues après l’attentat. On peut bien être 67 millions à être solidaires aujourd’hui.