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Covid-19. « Adapter la société au vieillissement, il y a urgence ! », édito de Cyril Chabanier

20 avril 2020 | Social

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par Cyril Chabanier, président confédéral

Ce premier mois de confinement a vu s’instaurer un certain nombre de rituels. Chaleureux, quand il s’agit d’applaudir sur nos balcons les personnels en lutte contre le virus, le rituel se fait clinique et funèbre quand vient l’heure des chiffres. Derrière ces chiffres, des personnes souffrent, se battent pour la vie, guérissent ou nous quittent. Un gros tiers de ces dernières résidait en Ehpad, ces « Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes ».

Des témoignages saisissants, parfois révoltants, nous sont parvenus de ces établissements où des militantes et militants CFTC, héroïques comme leurs collègues, font face à des conditions de travail d’un autre âge. Comment également ne pas s’attrister, s’indigner des conditions de fin de vie de nos concitoyens qui sont aussi nos parents ? La CFTC, depuis le début de la crise, se refuse à polémiquer sur quelque sujet que ce soit. En prise avec l’urgence, nous manquons du recul nécessaire à la bonne compréhension du problème. Nous ne pouvons que relayer le manque cruel d’équipement en masques, en sur-blouses, en médicaments parfois, en tests trop souvent. Les compétences médicales, aspirées par l’hôpital, font aussi défaut…

Ces conditions de vie comme de travail, pour les résidents comme pour les personnels, ne sont bien évidemment pas habituelles. Si la crise sanitaire fait plus que grossir le trait, elle n’en dévoile pas moins un sujet de société pour lequel les actes sont encore très loin d’avoir suivi les paroles et les écrits. Nous compterons, en 2060, 5,4 millions de personnes de plus de 85 ans contre 1,5 million aujourd’hui. Cette « révolution démographique de l’âge » s’impose dès lors comme l’un des principaux défis pour notre société et pour la soutenabilité de nos finances publiques !

La loi d’adaptation de la société au vieillissement, promulguée fin 2015, s’est emparée de ce défi dans son premier volet du moins. Elle a, entre autres, introduit des dispositifs favorisant des alternatives au « tout établissement ». Si la CFTC avait salué ces premières avancées, elle déplore aujourd’hui les reports successifs du second volet. Des reports qui semblent n’avoir d’autres raisons que budgétaires donc politiques. Au regard de notre triste actualité mais aussi des difficultés qui préexistaient à la crise, des solutions maintes fois repoussées depuis 2015 s’imposent aujourd’hui.

Parmi celles-ci, la CFTC soutiendra l’objectif d’augmentation de 25 % du nombre de soignants par résident en Ehpad. Des établissements qui devront être davantage médicalisés via l’embauche de cadres infirmiers dont le manque aujourd’hui aggrave des difficultés organisationnelles et humaines récurrentes. Du côté des résidents, nous défendrons une redéfinition du cahier des charges auquel sont liés les établissements privés comme publics. Un panier de services obligatoires devra garantir l’accès aux soins de « bien-être » ainsi que la sécurisation des visites des proches familiaux et autres intervenants extérieurs dans un contexte de risque épidémique. Enfin et parce que le drame vécu sous nos yeux par les personnels d’établissements, par leurs résidents et leurs familles est indigne d’une société se réclamant du « progrès », la CFTC demande que la réforme sur la perte d’autonomie figure en première ligne de l’agenda post-confinement du dialogue social.

Crédit photographique : Bernard Gouédard
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