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« Nous sortons soudés de cette crise », Romain, élu CFTC chez Lactalis

25 juin 2018 | Social

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Crédit : Bernard Gouédard

Romain, salarié de Lactalis et représentant CFTC, nous dévoile les dessous du travail des élus depuis la crise qui secoue le groupe

L’affaire du lait contaminé a commencé le 2 décembre 2017. Une bactérie potentiellement dangereuse, la salmonelle, a été découverte sur le site de Craon, dans la Mayenne. Une enquête judiciaire et une commission d’enquête parlementaire sont en cours pour déterminer les causes de cette faille.
(propos recueillis par Chantal Baoutelman, photos par Bernard Gouédard)

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A 31 ans, Romain est élu CE et membre du CHSCT à Lactalis. Il existe deux entités Lactalis sur le site de Craon : l'activité nutrition infantile (la laiterie) et l'activité fromagerie. Au sein de la société laitière, sont présentes deux organisations syndicales dont la CFTC. « Pour l’activité fromagère, nous sommes les seuls. Je travaille pour celle-ci, depuis 10 ans, en tant que conducteur de cuves (c’est l’équivalent d’un fromager). Le lait arrive standardisé. Ma mission est de le transformer en caillé, en le coagulant et le travaillant avant de l’envoyer au moulage. Depuis un an, j’occupe les fonctions de DS. » 
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« L’affaire du lait contaminé n’a pas fait que du bruit dans les médias, elle a aussi causé des dégâts en interne. Avant cette crise, nous comptions 560 CDI, aujourd’hui, nous ne sommes plus que 460.
Après la fermeture définitive d’une des deux tours fin janvier, nous étions conscients que les besoins en personnel ne seraient plus les mêmes. Sans compter la baisse de volumes de production, qui impactait aussi nos emplois. »
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« Avec mon collègue, Olivier Rezé, DS pour la partie Laiterie, nous avons entamé des négociations avec la direction. L’objectif : éviter un PSE. En 3 jours, nous avons signé un accord sur la mobilité. L’idée était de favoriser une mobilité choisie, en attendant le redémarrage de la tour restante. 3 options étaient proposées : la mobilité ponctuelle (inférieure à 21 jours), la mobilité temporaire (supérieure ou égale à 21 jours, permet par exemple de quitter la production pour travailler un temps dans l’administratif) et la mobilité définitive (c’est une mutation). »
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« Nous avons obtenu le maintien du taux horaire lorsqu’un salarié change de site. Cela veut dire pas d’incidence sur sa rémunération grâce à des compensations sur les variables. Et ce, pendant 18 mois au lieu des 12 prévus par la direction. Les mutations ont, par ailleurs, été encouragées par des frais de garde et de déménagement ainsi qu’une prime de 8000 €, sous réserve de valider la période probatoire de 4 mois. A ce jour, 1 seul retour a été enregistré sur les 70. »
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« Pour ceux qui restent, il a été mis en place un accompagnement individualisé. Les responsables RH du groupe viennent à Craon les recevoir un à un afin de connaître leurs souhaits. L’occasion de rappeler à nos collègues qu’ils restent prioritaires sur tous les postes.
Nous sommes plutôt satisfaits de cet accord. Le résultat est positif par rapport aux 100 suppressions de postes annoncées. La direction a joué le jeu du dialogue, contrairement à l’image qu'on lui donne. »
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« Gérer cette crise a été une formation accélérée. C’était l’inconnu aussi bien pour la direction que pour nous. Nous étions tous dépassés par les événements. Les informations fuitaient dans la presse avant que l’entreprise n’ait le temps de nous les transmettre… Cette affaire a demandé énormément de travail. Nous avons effectué des journées de 15h ! Et vécu des moments très difficiles voire des craquages parfois. Mais, il en ressort une solidarité, une expérience de vie et un travail d’équipe incroyables. Les valeurs ont repris le dessus. Nous nous battons pour cela. »
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« Comment on voit l’avenir ? L’entreprise va repartir. Reste que le redémarrage de la tour s’accompagne d’une période dite de qualification qui peut durer 3 semaines. Ce délai doit permettre aux services vétérinaires de procéder à de nouveaux contrôles. Selon ces résultats, le préfet donnera ou non son accord pour la vente des produits. Lactalis ayant accédé à nombre de demandes des services vétérinaires pour créer des conditions d’hygiène optimales, nous sommes en passe de devenir une usine ultra moderne. Cela nous redonne confiance en l’avenir. Les débuts seront difficiles. Mais, nous y arriverons. »
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Le témoignage audio de Romain

Chronologie

  • Novembre 2017 : recensement d’un nombre anormalement élevé de cas de salmonellose chez des nourrissons
  • Le 2 décembre : découverte sur le site Lactalis de Craon de la bactérie
  • Le 8 décembre : arrêt des deux tours de séchage du site
  • Le 10 décembre : l’État fait retirer de la vente toute la production de poudre de lait
  • Le 31 janvier 2018 : fermeture définitive de la tour 1
  • Le 26 mai : reprise de l’activité de la tour 2
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