La CFTC met le paquet sur la comm’ chez SAP France

Comment la CFTC est devenue représentative chez SAP

Une campagne de communication dynamique et multisupport a permis à la section CFTC SAP France de réaliser un score de 17,44 % aux élections de septembre 2016 – 12 points de plus qu’en 2010 ! – et d’obtenir sa représentativité dans l’entreprise.

La CFTC est en place chez SAP France. Alors que la Confédération avait réalisé un score de 5,43 % en 2010, elle a recueilli 17,44 % des voix au premier tour des élections professionnelles de septembre 2016. Elle est passée de la quatrième à la troisième place, derrière la CFE-CGC et la CFDT, et se place maintenant devant la CGT. En passant la barre des 10 %, elle devient représentative et pourra donc participer aux négociations d’entreprise. Elle a surtout obtenu, après le second tour, deux des 15 sièges du comité d’entreprise (CE), quatre mandats de délégués du personnel (DP) sur 29, et un siège au CHSCT¹ , sur neuf.

Résister au harcèlement

Ce succès, la CFTC le doit en bonne partie à Agnès Courbarien, nouvellement déléguée syndicale et DP titulaire, et Jean-Charles Laroque, également DS, DP titulaire et membre du CHSCT. Ce sont eux qui ont créé la section en 2006, après avoir quitté la CFE-CGC, et qui, après 2010, l’ont tenue à bout de bras grâce à leurs mandats de représentante syndicale au CE et de responsable de section syndicale. Et cela, en dépit d’un véritable harcèlement de la part de la direction. En octobre 2011, l’inspection du travail a même été obligée de rappeler la DRH à l’ordre pour des faits d’entrave à l’exercice d’un mandat, de licenciements et de sanctions disciplinaires à l’encontre de huit militants CFTC. « Sur les 15 candidats présentés par la CFTC en 2010, huit ont quitté l’entreprise, déplore Agnès Courbarien, qui a elle-même poursuivi son employeur pour discrimination syndicale. Il a donc fallu reconstituer presque toute l’équipe ! »

Depuis que SAP a racheté Business Objects, en 2010, les salariés du producteur allemand de logiciels de gestion ont subi un PSE² en 2014 et un plan de départs volontaires en 2015. Et ont vu leurs conditions de travail se dégrader : « Des salariés occupent deux postes en même temps, avec deux hiérarchies distinctes, témoigne Agnès Courbarien, ils n’ont plus le temps de respirer ! » Malgré les difficultés, pendant ces six années, la militante CFTC a continué d’informer et de conseiller ses collègues, en écrivant notamment plus de 110 brèves sur le blog de la section³, après les réunions du CE.

Apprendre de ses erreurs

Tel le Phœnix, la CFTC SAP France s’est réveillée grâce à ses militants qui ont mené en 2016 une campagne de communication bien mieux réfléchie que celle de 2010, dont ils ont tiré les leçons : « Il y a six ans, nous n’avions donné ni les noms, ni les photos des candidats, raconte Agnès Courbarien. Cette fois, nous avons voulu montrer que la CFTC avait une équipe nouvelle, avec des personnes investies qui ont déjà eu des mandats. » Et pour les mettre en valeur, quoi de mieux qu’une vidéo sur Youtube ! Début septembre, un film sans paroles d’une minute et demie a été mis en ligne , présentant cinq candidats et les grandes lignes de la profession de foi. La vidéo, diffusée par courriel, aurait été vue par 400 à 500 salariés. La campagne s’est ensuite poursuivie par courriel, à raison d’un à deux par semaine.

La stratégie a consisté d’une part à « se servir de relais pour faire voter CFTC, notamment des managers, précise Agnès Courbarien. D’autre part, il faut avoir un discours positif car c’est le seul audible pour les salariés, il faut être ni contre tout ni pour tout. » Enfin, les militants CFTC ont distribué 900 fascicules qui informent et conseillent les salariés sur leurs droits en matière de formation, de santé au travail, de congés, etc. « C’est en quelque sorte le livret des RH », ironise la militante, qui tire ainsi profit du silence de la DRH concernant les droits des salariés.

Finalement, sur le fond, qu’est-ce qui a fait voter CFTC ? Agnès Courbarien évoque la présence de 550 à 600 nouveaux salariés qui n’auraient jamais voté dans l’entreprise avant 2016 : « Ceux-là ont voté soit pour l’étiquette, soit parce qu’ils avaient un copain dans une liste. » En partant du principe qu’on vote pour des candidats qu’on connaît, la campagne de la CFTC aurait donc fait mouche.

De gauche à droite : Jean-Charles Laroque, Rose-Marie Giannone, Laurence Fagot, Agnès Courbarien, Nicolas Sabatier, tous les cinq candidats CFTC chez SAP France.

Crédit photo : CFTC@SAP-France

Laurent Barberon

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¹ Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail

² Plan de sauvegarde de l’emploi

³ Le blog www.cftc-sap.fr/ est réservé aux salariés de SAP France