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Dunlop, quand le dialogue social tient la route

18 septembre 2018 | Social

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Les salariés de l’usine de pneus Dunlop, à Amiens, voient leur temps de travail réorganisé.

La CFTC, majoritaire, a en effet signé durant l’été un accord en ce sens, plébiscité par le personnel. La récompense de plusieurs années de dialogue, de compromis et de sacrifices de la part des salariés.

Un temps de travail hebdomadaire raccourci pour un salaire équivalent : à la suite de négociations constructives et de la consultation du CHSCT le 13 juillet 2018, la CFTC a décidé de signer l’accord du passage des 4 x 8 aux 5 x 8.

Les 5 x 8, c’est quoi ?

Dans ce type d’organisation, cinq équipes tournent toutes les 8 heures dans l’usine, assurant une rotation de 24 heures. Avant l’accord, les salariés de Dunlop Amiens travaillaient deux jours le matin, deux jours l’après-midi et deux jours de nuit. S’ensuivaient deux jours de repos. Dès le 1er janvier 2019, avec cette réorganisation, ils auront droit à quatre jours de repos consécutifs. Ainsi, ce ne sont pas moins de 18 congés supplémentaires par an obtenus par les salariés grâce à l’accord. Leur temps de travail hebdomadaire est également raccourci, passant de 35 à 32,60 heures, tout enconservant le même salaire.

Aujourd’hui, le site fabrique un peu plus de 4 millions de pneus par an et vise une augmentation de sa production pour atteindre les 4,6 millions l’an prochain. Pour ce faire, l’usine doit fonctionner 356 jours par an et non plus 296. Plus de productivité et plus de qualité de vie au travail, une équation rendue tenable par la promesse de la direction d’embauchercinquante personnes supplémentaires auminimum.

Le dialogue, un choix responsable

Cet accord vient valider près de dix ans de stratégie syndicale basée sur le dialogue entre la direction et la CFTC. Thierry Recoupé, secrétaire du comité d’entreprise, ne cache pas sa satisfaction. L’assouplissement de l’organisation du temps de travail, les promesses d’embauches n’ont été possibles que, parce qu’il y a neuf ans, dans un climat parfois hostile, la CFTC avait choisi la négociation à l’affront.
« En 2014, quand, en face, l’usine Goodyear a fermé, on ne donnait pas cher de notre peau, explique-t-il (lire l’encadré). Mais, aujourd’hui, je peux dire qu’on a fait les bons choix. Et on en est fiers ! Ceux qui faisaient les 4 x 8 souhaitaient avoir plus de repos. C’est chose faite. Il a fallu passer par les 4 x 8 pour en arriver là. La direction nous a ouvert la porte. Nous avons saisi l’opportunité. C’est un juste retour des choses pour ceux qui en ont bavé pendant neuf ans. » En outre, en permettant d’augmenter la productivité, cet accord a aussi le mérite de consolider la pérennité de l’usine et de ses emplois. Un bilan positif obtenu grâce au sérieux et aux efforts des salariés et au sens de la responsabilité de la CFTC.

Paul Mercier

 

Dunlop / Goodyear : deux visions du syndicalisme

Jusqu’en 2014, deux usines fabriquaient à Amiens des pneumatiques pour Goodyear Dunlop Tires France. Séparées par une simple route, l’usine Goodyear au nord, avec 1 600 employés concevant les pneus touristiques et agricoles, et l’usine Dunlop au sud, qui, elle, produisait des pneus à forte valeur ajoutée (1 100 employés). Deux usines, donc, mais une seule direction qui, en 2007, décide d’arrêter une partie de son activité au nord (avec un plan social d’environ 500 personnes), puis de regrouper ses deux sites et d’y injecter 52 millions d’euros.

Mais la direction émet une condition : que la compétitivité soit renforcée. Pour ce faire, elle veut passer des 3 x 8, organisation déjà éprouvante pour les salariés, aux 4 x 8. Elle signe, en 2008 et à l’issue d’âpres négociations, un accord avec la CFTC pour les « Dunlop », accord que refusent les « Goodyear » (où la CFTC n’est pas majoritaire). Pendant que les premiers visent le compromis, les seconds entrent en résistance : occupation de locaux, cadres « séquestrés »… Deux visions du syndicalisme s’opposent alors.
En janvier 2014, l’usine Goodyear ferme définitivement ses portes ; 1 143 personnes sont licenciées.

Crédit photographique : wikimédia commons
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